Émile le serpent mobile

Nous sommes issus d’une génération dont les parents ne nous ont pas réellement encouragé à la pratique du vélo en ville. Années 70, la dépiétonnisation était en marche et la voiture devenait un outil formidable permettant un large rayon d’action (du moins c’est ce que nous voulions bien croire…).

La conséquence de tout cela, c’est que l’image renvoyée aux enfants que nous étions était que le vélo était tout juste bon pour aller jouer au parc d’à coté, mais jamais, ô grand jamais, pour se rendre à l’école ou aller faire des courses.

Cette mentalité est malheureusement tenace encore aujourd’hui, mais par chance, elle évolue de manière positive chez les anciens enfants du boom automobile, devenus des parents responsables aujourd’hui. Quant à nos chères petites têtes blondes, c’est justement l’occasion de faire naître en eux une façon de voir le vélo comme un véritable mode de déplacement.

laure

Et c’est justement le but du jeu du serpent mobile (« Traffic Snake Game » en anglais) qui, depuis quelques années, promeut l’usage des moyens de transport sains et écologiques auprès du jeune public.

Nous avons posé quelques questions à Laure Duhorane, consultante chez Euro Project Consult, cabinet en charge de promouvoir ce jeu auprès des écoles et villes et de les accompagner dans sa mise en œuvre.

Weelz: Qui est à l’origine de la création de ce jeu ?
Laure : L’initiative du jeu vient de Mobiel 21, une organisation belge œuvrant en faveur de la mobilité durable. M21 a lancé le Traffic Snake Game avec seulement quelques écoles en Belgique il y a maintenant une dizaine d’années.

La campagne a été un vrai succès et a favorisé l’adoption de modes de transport plus respectueux de l’environnement par les participants et à une importante réduction d’émissions de Co² sur les trajets domicile école.

W: En quoi consiste-t-il exactement ?
L: C’est un jeu gratuit sur 10 jours, à main levée chaque classe fait le point sur les trajets éco-responsables et se fixe un objectif au début du jeu (20% de trajets verts en plus par exemple).

Etape-3-250x187Chaque matin, on compte le nombre d’élèves venus à l’école à pied, à vélo, en bus, en covoiturage. Chaque élève gagne ainsi une gommette, les gommettes sont collées sur un grand sticker. Le sticker est ensuite collé sur la grande bannière du serpent Emile, et ainsi de suite pendant 10 jours.

Le sticker regroupant les gommettes gagnées par les élèves reflètent le nombre de trajets éco-responsables effectués par jour. Ainsi, la classe peut savoir si elle a atteint son objectif ou pas. Si un objectif n’est pas atteint, le sticker est conservé et pourra être complété par les gommettes du lendemain.

L’objectif étant d’atteindre la tête du serpent à la fin des 10 jours. Les enfants reçoivent à la fin de la campagne des récompenses pour les encourager et les motiver à continuer à se déplacer à pied ou à vélo. En parallèle, les écoles sont encouragées à organiser d’autres activités autour de la mobilité durable en même temps que le jeu (ateliers vélo, concours miss & mister fluo, sensibilisation à la sécurité routière, etc.).

Lire aussi :  La génération du trafic automobile

Le matériel de jeu sera offert aux 60 premières écoles, l’initiative étant financée pour les 3 ans à venir par l’Union Européenne. Des formations à l’outil seront également dispensées par nos soins aux enseignants, animateurs en charge de mettre en place l’outil.

W: Combien d’écoles ont déjà participé depuis le début ?
emileL: Aujourd’hui, plus de 1.000 écoles, 200.000 enfants et 150.000 familles sont touchés par la campagne en Flandres tous les ans. Cette année, 18 pays se lancent dans l’aventure Traffic Snake Game et 273 écoles en plus sont inscrites à travers l’Europe depuis septembre 2014.

En France, la ville de Nantes sera la première à lancer cette campagne dans plusieurs écoles de l’agglomération dès le printemps prochain. Les inscriptions sont ouvertes sur le site.

« Les déplacements à vélo permettent aux enfants d’être plus autonomes, […] de comprendre l’impact de leurs déplacements dès le jeune âge »

W: Si l’accueil des enfants est souvent positif on imagine, comment est celui des parents ?
L: Leur accueil est aussi positif, la preuve, ils sont nombreux à jouer le jeu et à faire l’effort de repenser les déplacements domicile-école, tout au moins pendant la durée des campagnes.

Même pour les enfants qui n’habitent pas à côté des écoles et qui sont obligés d’utiliser la voiture, les parents sont invités à déposer la voiture à un km de l’école pour faire le trajet restant à pied.

Les déplacements à pied ou à vélo permettent à leurs enfants d’être plus autonomes, de découvrir leur environnement, de comprendre l’impact de leurs déplacements dès le jeune âge et surtout de s’amuser.

W: Avez-vous des retours suite au jeu sur les changements de comportement de déplacement ?
L: Les chiffres de la campagne entre 2007 et 2009 montrent une augmentation de trajets éco-responsables de 10% en général dans les écoles participantes. Pour les campagnes plus récentes, par exemple en Roumanie, 77% de trajets éco-responsables ont été comptabilisés contre 41% avant la campagne.

W: Quelles seraient les autres solutions selon vous pour aller plus loin encore dans la lutte contre la dépiétonnisation des enfants ?
L: Sécuriser les parcours piétons et les pistes cyclables car plusieurs parents se retrouvent coincés dans un cercle vicieux en ce qui concerne les trajets de leurs enfants vers l’école. En effet, le trafic étant de plus en plus chargé, ils sont nombreux à vouloir emmener leurs enfants à l’école en voiture (plus sécurisé). De ce fait, le trafic s’en retrouve encore plus chargé aux alentours des écoles.

Organiser des lignes de bus à pied « pédibus » est également une des solutions, des parents s’organisent et se relayent pour accompagner un groupe d’enfants à l’école, les enfants allant à l’école à moins d’un km de chez eux (généralement).

Propos recueilli le 06/11/2014 par Weelz

Trafficsnakegame.eu/france

5 commentaires sur “Émile le serpent mobile

  1. Olivier

    Récompenser une classe (ou une école), la mettant de facto en compétition avec les autres en se basant sur des comportements personnels extra-scolaire, ça me rappelle le fonctionnement des écoles allemandes des années 30 pour favoriser l’adhésion des jeunes aux JH. Et l’élève, luttera-t-ilLE contre la pollution ou répondra-t-ilLE à la pression sociale (ou pire) pour gagner une gommette ? La sensibilisation par l’apprentissage oui, par la manipulation certainement pas !

  2. pedibus

    Remettons en marche la piétonnisation, pas au pas de l’oie celle-la, en rendant piétonnier les abords des établissements scolaires sur la totalité de la rue où ils sont implantés : la mesure ne serait pas à légitimer tellement elle tombe sous le sens, et fi aux immanquables défenseur de la liberté de circuler en polluant résidant dans le secteur: qu’ils aillent chercher dans un garage de location leur ustensile à roulettes objet d’addiction…

  3. Carfree

    La Loi de Godwin vérifiée dès le premier commentaire! En général, les comparaisons impliquant les nazis ou Adolf Hitler viennent en fin de discussion, mais là c’est bille en tête qu’un simple jeu éducatif destiné à promouvoir les alternatives à l’automobile se trouve comparé aux méthodes nazies « pour favoriser l’adhésion des jeunes aux Jeunesses Hitlériennes »…

    Est-ce bien sérieux? Si c’est le cas, comment qualifier la manipulation permanente des constructeurs de voitures au travers des innombrables publicités dont les enfants sont abreuvés chaque jour à la télé ou sur les affiches? C’est pire que du nazisme… sauf que je ne vois pas trop ce qui peut être pire que le nazisme…

    En fait, c’est pathétique, quand on ramène un simple jeu pour enfants à un procédé nazi, c’est tout simplement le degré zéro de la pensée. A ce compte-là, tout est nazi, sauf peut-être les vrais nazis?

  4. olivier

    Monsieur Godwin peut faire une nouvelle étude sur la disqualification immédiate de tous commentaires faisant référence aux années 30 grâce… à la loi Godwin ; Car c’est ça le niveau zéro de la pensée.
    Ce qu’est pathétique, c’est de ne pas vouloir voir qu’on est pas seulement dans un simple jeu éducatif, mais que l’endoctrinement est là bien présent.
    En plus par l’éducation nationale… comme c’était le cas à une certaine période pour conditionner nos chères têtes blondes. Et non, je n’avais plus entendu parler depuis de compétitions inter-écoles pour des activités extra-scolaires, prenant en plus en compte le comportement des parents.
    Je ne vois pas non plus ce qu’il y a pire que le nazisme, mais il ne faut pas oublier qu’ils ont commencé petits, et que les méthodes préfigurent toujours le résultat. Je milite pour la décroissance, mais je refuse de me compromettre avec l’intégrisme.
    La publicité, de l’industrie automobile ou pas, me fait gerber, mais ce n’est pas pour autant qu’elle justifie n’importe quelle action. Et non, elle n’est pas pire. Elle est plus efficace car malheureusement omniprésente, mais pas pire.
    Et si tu me développe ta réflexion « A ce compte-là, tout est nazi, sauf peut-être les vrais nazis? » tu gagnes une gommette !

  5. Carfree

    Ah bon, c’est de « l’endoctrinement »? Et tu peux dire quelle est la « doctrine » qui est inculquée en l’occurrence aux enfants?

    Et dans le même ordre d’idées, promouvoir des alternatives à l’automobile, c’est de « l’intégrisme »?

    Quant aux « méthodes qui préfigurent toujours le résultat », tu peux être plus explicite? De quel résultat parles-tu? Transformer les enfants en nazis ou leur faire prendre conscience qu’il y a d’autres modes de déplacement que la bagnole? A moins que ce soit la même chose?

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