Le titre d’un article récent du journal 20 minutes n’y va pas par quatre chemins: « Les périurbains demandent qu’on leur foute la paix sur leur façon de vivre! » L’article relate une étude réalisée par l’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine sur le périurbain en Gironde, « démontant quelques clichés sur ce territoire souvent stigmatisé… »
Cette étude repose en fait sur une enquête portant sur le mode de vie de 1.600 personnes dans le périurbain en Gironde, pendant un an. Sans surprise, il en ressort que la voiture est bel et bien le mode de déplacement privilégié, et que le pavillon avec jardin est représentatif de l’habitat du territoire. En revanche, les habitants disent majoritairement avoir choisi le périurbain, et ne pas avoir emménagé par contrainte.
Seuls 18 % des périurbains déclarent en effet avoir emménagé dans leur logement contraints et forcés. Ils sont donc 82 % à avoir choisi de venir vivre dans le périurbain. Cette seule statistique met à mal les discours habituels sur le fait que les gens « n’ont pas le choix et qu’ils vont vivre dans le périurbain parce que c’est trop cher en ville. »
Au passage, l’enquête montre aussi que les périurbains ne se sentent pas vraiment des « périurbains. » A vrai dire, les périurbains se revendiquent plus de la campagne que du périurbain; selon eux, « ils ont fait le choix d’un cadre de vie plus nature et ils assument donc d’être à la campagne. »
Pourtant, la vie en lotissement périurbain ressemble surtout à une parodie de vie à la campagne… C’est même un secret de polichinelle qu’aucun de ces endroits n’est à proprement parler de la « campagne. » Le journaliste James Howard Kunstler parlait du mode de vie périurbain comme d’une sorte de moquerie de l’idée de vivre à la campagne.
D’ailleurs, les véritables ruraux, vivant et travaillant à la campagne, jugent souvent sévèrement ces « citadins qui viennent vivre à côté de chez eux. » Ces lotissements périurbains ne constituent même pas de véritables communautés autour d’un quelconque réseau social ou économique, ce ne sont que des dortoirs, dans le sens le plus froid. On parle d’ailleurs souvent de « villes-dortoirs » pour caractériser ces espaces périurbains. Les périurbains y vivent le soir et le week-end et passent leur journée au travail en ville… quand ils ne sont pas dans leur voiture à faire le métronome.
En ce qui concerne le « cadre de vie plus nature » recherché par les périurbains, il faut quand même rappeler que les lotissements sont souvent nommés d’après ce qu’ils détruisent. Si cela s’appelle « Clairière des écureuils », cela veut dire que tous les écureuils ont été exterminés. Si c’est « La chênaie », il n’y a plus de chênes. Si le lotissement s’appelle « La prairie, » c’est qu’il a remplacé une ancienne prairie, etc.
Foutez-nous la paix !
Encore plus surprenant, non seulement les périurbains ont choisi le périurbain librement et sans contrainte, mais en plus ils demandent « qu’on leur foute la paix sur leur façon de vivre! »
Donc, si on comprend bien, il faut les laisser tranquilles. Ils ont choisi de venir vivre dans un lotissement périurbain loin de la ville pour avoir un pavillon au milieu d’un jardin et être complètement dépendants de la voiture… C’est leur choix, leur « liberté de penser » comme dirait l’autre et qui sommes-nous pour les juger?
Alors, oui, il faut leur foutre la paix: qu’ils restent tranquillement dans leur lotissement avec leur pavillon dans leur jardin sans bien sûr venir déranger les urbains qui vivent et travaillent en ville…
Car, les urbains demandent quant à eux que « les périurbains leur foutent la paix » en restant dans leur lotissement au lieu de venir chaque jour polluer la ville avec leur voiture…
Si on ne doit pas déranger les périurbains dans leur mode de vie, il faudrait alors que ces mêmes périurbains prennent conscience qu’ils ne doivent pas déranger le mode de vie des urbains en venant chaque jour ou presque travailler en ville avec leur voiture polluante. Pourquoi en effet les périurbains viendraient-ils imposer en ville aux urbains leurs émissions de polluants, le bruit de leur voiture ou le risque d’accident pour les nombreux piétons et cyclistes qui aimeraient bien aussi « qu’on leur foute la paix… »
Comme dit le proverbe, « chacun chez soi et les moutons seront bien gardés…«
Soit certes oui d’accord, mais n’oublions pas que si la ville est vertueuse, pardon moins aberrante que les campagnes en la matière (transports), celle-ci n’est pas plus viable pour ce qui concerne les ressources en général, alimentaires par exemple. Rien, dans toute cet aménagement du territoire, n’est souhaitable ni généralisable tant les déséquilibres sont prononcés, les caractéristiques des espaces figées (ici on habite (et rien d’autre…) ici on travaille (et rien d’autre…) ici on consomme (et rien d’autre…) ici on cultive (et rien d’autre…)…).
Il est désolant d’imaginer une vision aussi restreinte et égocentré du monde en effet (j’accapare mais… ne m’emmerdez pas!), mais qui a à tel point rendu les villes invivables que beaucoup souhaitent s’échapper en s’entassant dans des lieux aussi sinistres mais pourvus de « jardins », ce en toute inconscience des problèmes engendrés…? Qui suggère la liberté par la maison individuelle? Qui a le pouvoir d’avilir, qui a le pouvoir?
Comment en sommes nous arrivés là? La première chose il faut regarder du coté de l’état dès les année 1950 qui encourage la création d’un marché de la maison individuelle pour répondre à l’attente des Français sollicités par les publicités maisons phénix, les chalandonnettes, entre autre. Cela peut surprendre mais la société de consommation aidant avec le miroir américain ont permis cet essors. La bénédiction des maires qui facilitent l’implantation de village groupé ou lotissement au lieu de réhabiliter leurs bourgs. Le coût des terrains et le coût de l’énergie ont aidé à ce détournement de fond. N’oublions pas le lobby des constructeurs qui remporte la donne à l’échelle nationale. Les acquéreurs achètent une maison comme une boite de petit pois. Tout ceci dans un individualisme exacerbé sans aucune conscience de la collectivité. L’état comme les constructeurs ont vendu du rêve au grand dam de la qualité de vie de nous tous et à quel coût pour les générations à venir. Il ne sera pas facile de désintoxiquer les Français tant que nos urbanistes et politiques ne seront pas en capacité d’offrir des conditions de vie de qualité à chacun. La ville du quart d’heure permet de répondre au 6 fonctions essentielles de l’individu, la création de micro village à l’intérieur des villes aussi. Nous payons très chèrement la séparation des fonctions qui nous obligent à nous déplacer parfois très loin pour répondre à un besoin vital. Les vrais enjeux de société sont à ce niveau de répondre au bien être de l’homme au travers d’un véritable collectif. Ce qui disparaît complètement par l’absence de lien, de débat, et d’idée. Le numérique ne contribue pas à l’émergence de nouveau concept dans ce domaine.
(les 6 fonctions sociales essentielles, l’habitat, le travail, l’approvisionnement, l’éducation, la santé, les loisirs)
Quand on oublie que l’automobile est l’un des plus grand progrès dans l’histoire de l’humanité ! On détruit la liberté de mouvement, de partage, d’accès aux lieux de culture, de vie, la vitesse de déplacement, le confort, la sécurité … pour quel monde ? Le chacun dans sa communauté géographique est une régression dont nous prenons le chemin, il favorise le repli sur soi et la sur-digitalisation. Les commentaires stigmatisant les automobilistes sont écœurants, l’article décrit bien la haine de l’autre. Les confinements et les couvre-feu ne suffisent pas à nous immobiliser, que va-t-on encore s’interdire de plus!
La pollution automobile est en chute libre grâce aux technologies et son impact sur le réchauffement climatique est plus que mineur en Europe.
Les transports en commun et le vélo doivent être encouragés mais ne solutionnent pas tout.
Le transport individuel reste le MUST. Misons sur les carburants alternatifs et dotons notre pays d’infrastructures routières optimisées et de stationnements périphériques nombreux et sûrs pour le vivre ensemble (et pas pour le subir ensemble).
@FL : « La pollution automobile est en chute libre grâce aux technologies et son impact sur le réchauffement climatique est plus que mineur en Europe. »
le pire c’est que tu crois probablement ces balivernes…
J’aime bien les citadins qui t’expliquent que c’est pas bien d’être périurbain, tellement SAAAALE d’être périurbain que ton Diesel de périurbain on va l’interdire dans notre grande ville.
Et ce sont les mêmes citadins qui chaque week-end chargent leur vélo sur le porte-vélo de leur voiture pour faire des balades à la campagne. Qui sentent venir le confinement et vont vite quitter leur ville pour venir se planquer à la campagne. Qui louent – cher – les gîtes à la campagne.
J’ai rien contre la critique mais faudrait rester cohérents les amis, si le périurbain vous emmerde n’y venez plus, ne le survolez plus en avion. Personnellement je ne vais pas faire des promenades dans vos villes pour le plaisir de m’y promener.
Cette « étude » de l’agence d’urbanisme bordelaise est consternante d’inexactitudes, de partis pris et d’erreurs méthodologiques… On ne sait pas par quoi commencer tellement c’est le bordel…
Si l’on commence par le coeur du sujet, le périurbain, il faudra expliquer comment on arrive à « 510 communes hors bande littorale et centralités urbaines métropolitaines » dans ce département de la Gironde, qui ne compte que trois aires urbaines : Bordeaux, Arcachon et Libourne… Le périurbain au sens INSEE c’est l’ensemble des communes de la couronne d’une aire urbaine (AU) : celles qui ne sont pas dans l’agglomération (unité urbaine dans le sabir INSEE). Or l’AU bordelaise alignait dans son découpage 2010, cadre de l’étude (entretiens menés en 2019), 182 communes dans sa couronne girondine (quatre communes extra départementales), auxquelles on doit rajouter une commune périurbaine de l’AU libournaise. De 183 communes strictement périurbaines on s’embarque dans un total de 510 territoires dont 327 sont à dominante rurale… ! Sachant que le département comporte 535 communes on ne fait pas trop dans la dentelle avec le tri opéré… Et de la sorte on fourgue dans le lot deux des trois plus grosses communes du département : Pessac et Mérignac (1)… Alors bien sûr le CNIS (Conseil national de l’information statistique ) travaille toujours à définir autrement ce caractère rural, mais dans le cadre du travail de notre agence d’urbanisme on a déjà fabriqué sa méthode d’analyse… avec le dictionnaire Petit Robert (2) comme méthodo ! Dès lors les résultats des enquêtes menées dans ces deux types de territoires ne risquent pas de tendre à l’homogénéité… sauf si l’on veut faire dire quelque chose à ces entretiens, on y reviendra tout à l’heure.
On assène, suite aux résultats des entretiens, que le mode de vie périurbain serait très majoritairement « choisi »(3). On tempère toutefois un peu en tenant compte du niveau socio-économique des enquêtés : les moins satisfaits de leur situation périurbaine font partie des moins riches… Sans doute ceux que le niveau de prix du logement en ville a propulsé de façon centrifuge…? Se pose-t-on également la question méthodologique des biais cognitifs chez les répondants ? Un biais de jugement, voire une dissonance cognitive, qui tendrait à « se contenter de sa situation », suivant la situation psychologique classique de celui qui a tendance à poursuivre son engagement malgré la succession d’épreuves de plus en plus négatives qu’il subit (biais d’engagement).
Quant à l’article de 20 minutes, rapportant les propos de la géographe Cécile Rasselet, affirmant qu’il n’y aurait pas que le problème de l’écart de prix entre centre et périphérie pour expliquer le « choix » du périurbain, avec l’argument qu’on en serait désormais à la seconde voire la troisième génération, c’est malmener à l’extrême la scienticité de sa démarche qui, même en appartenant aux sciences sociales, doit respecter les données disponibles. Or celles-ci invalident totalement cette pétition de principe, ou cette opinion dure comme de la carrosserie de bagnole, comme on voudra… On va s’employer tout de suite à porter l’éclairage là-dessus, en évaluant la démographie périurbaine et le marché immobilier dans leurs tendances récentes :
la couronne périurbaine bordelaise a cru de 30% entre 1999 et 2017 (+23% pour l’agglomération)
entre 2000 et 2018 le prix du logement a augmenté de 213% (4) en Gironde (5) (6)…
Faire dire quelque chose à ces entretiens à l’occasion de cette étude, comme je disais plus haut… La géographie française comporte beaucoup de chercheurs qui ont ce détestable tropisme périurbain : on peut toujours relire mon article où figurent quelques uns de ces fameux auteurs… http://carfree.fr/index.php/2017/05/15/les-bienfaits-de-la-ville-dense-remis-au-gout-du-jour-par-un-geographe-suisse/
Mais s’il n’y avait que ça… ! Le contexte bordelais joue également un mauvais tour à la neutralité axiologique du côté de son agence d’urbanisme… : le directeur de cette « institution » locale n’est rien d’autre que Jean-Marc Offner, formaté ponts et chaussées. Ce vieux monsieur, sur l’âge du départ à la retraite, a encore eu le temps de torcher un brûlot anti-écolo l’an dernier. Et là accrochez-vous : c’est pas l’anthropocène mais bien jurassic-park… Vous allez comprendre tout de suite, à partir du titre et de l’intitulé de certains de ses chapitres… :
En espérant avoir éclairé un peu mieux l’imposture de cette « étude »…
(1)https://www.aurba.org/productions/etre-periurbain-gironde/ p. 9 du document. Voir la carte p. 10 où figure la Gironde en quasi totalité « périurbaine », dont Libourne et ses 25.000 habitants… Toutefois on se rattrape avec une typologie quaternaire p. 17…
(2) Ibid. p.6.
(3) P. 32 et suivantes.
(4) Seconde hausse départementale après Paris (+226%)…
(5) Friggit Jacques, Le prix de l’immobilier d’habitation sur le long terme, ENPC 2021, p. 130.
(6) Voir également, même auteur, le graphique pour l’échelle nationale : http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/prix-immobilier-evolution-a-long-terme-a1048.html
Les « rurbains » veulent qu’on leur foute la paix simplement parce qu’on se permet d’évoquer ce mode de vie, qu’ils ont certes choisi, pour toutes les raisons évoquées dans l’article, mais un mode de vie dont ils commencent à mesurer les conséquences. Avec une petite voix qui leur murmure déjà que le choix de « profiter » de la campagne, en laissant la ville se paupériser et se vider, est un mauvais choix, puisqu’il transforme la baisse des coûts de logement par rapport à la ville en coûts de transport, (= coût financier permanent et exponentiel, coût en temps, en risque (fatigue, accidents, stress), coût en dépendance familiale, car les activités restent en ville). Qu’en sera-t-il lorsque le pétrole ne manquera pas d’augmenter, et que l’électricité augmentera aussi? Pour ces raisons, et avec en plus le changement climatique, les villes vont se resserrer sur elles-mêmes, et optimiser leurs espaces ( même si les élus, peu enclins à anticiper, sont pour une bonne part responsables de cette rurbanisation). Cela veut dire qu’à un moment, les propriétés éloignées de la ville se déprécieront, voire seront invendables, parce que plus personne ne voudra s’éloigner des villes. Et que toutes celles et ceux qui voudront y revenir seront confronté·e·s à une explosion du prix du foncier, déjà bien en cours. Et on préférera aussi, dans un avenir sans doute plus lointain, réserver les espaces restants autour des villes au retour de petites exploitations agricoles vivrières, plutôt qu’à des lotissements vides de tout et dévoreurs d’espace…
C’est quand même rageant quand tu vois les gens qui ont fait le choix d’un appartement beaucoup plus petit, mais qui font tout à pied. Et qui se permettent de parader sur les réseaux avec leur trajet à vélo, et vas-y que je double la file de bagnoles, vas-y que j’ai rencontré une inconnue en allant au boulot, vas-y que j’ai perdu 5kg gnagna.
En périurbain tu es piégé comme un rat mort, pas une boulangerie, pas une supérette à l’horizon, voiture obligatoire, garage, assurance, entretien, carburant, bouchons. Même pour faire du sport il faut la bagnole (d’ailleurs t’as pas le temps).
Alors qu’on arrête de se moquer de nous et qu’on nous laisse tranquille ! On l’a déjà bien assez profond.
Merci Pedibus pour tes ajouts.
Ces gens tellement contents de leur petit appart’ en ville que, dès qu’il fait trois rayons de soleil, on voit les plus fortunés d’entre eux se répandre à la campagne.
À se demander comment ils feraient s’il n’y avait pas ces cons de périurbains pour entretenir toute l’année les routes, les fossés, les chemins forestiers..
Et si on faisait l’inverse ? Et si on mettait plus d’activité économique à la campagne au lieu de vouloir que tout le monde vive en ville ?
On pourrait commencer par le télétravail 🙂
Comme me disent, mes connaissances parisiennes, à Paris, l’avantage, c’est qu’on est prêt de tout. Traduction : on part facilement dans vos campagnes en sautant dans un train, un avion ou en prenant l’autoroute direction plages de Normandie, habiter en ville c’est être hypermobile. Pas de déplacement ? On fait tout à pied ? Vraiment ? Combien de citadins prennent leur voiture pour aller au centre commercial en périphérie ? Se promener à la campagne, au calme ?
Combien de lieux de travail se situent en périphérie dans des zones industrielles, ZAC où tous les citadins se rendent, bien sûr, à pied.
Vision étonnante et idéalisée où on imagine que les citadins n’en sortent pas le week-end tellement la vie en ville est douce et agréable, et où tous les rurbains se ruent le week-end, prendre leur bouffée d’air civilisé, tellement ils se font chier le reste du temps chez eux.
Nombreux sont les rurbains qui n’ont pas plus de km à parcourir que les citadins pour leurs trajets du quotidien, mais la représentation mentale, soutenue par ce type d’articles, est que le vélo est évidement réservé aux citadins. Aujourd’hui, il neige, et en ville, où je suis venu à vélo depuis ma campagne, j’ai croisé peu de vélo, qu’ils soient de la ville ou venus de l’extérieur.
Il y a évidemment des critiques à faire, et des changements à apporter, comme des réouvertures de commerce, aide à l’installation de petites exploitations agricoles, services publics, etc mais le télétravail, comme le dit prolo, ne me semble pas souhaitable, renfermant les gens chacun chez eux, mais pourquoi pas des bureaux partagés dans chaque village, qui participerait à transformer des zones dortoirs en lieux de vie.
La vie à la campagne, c’est aussi ça : http://carfree.fr/index.php/2019/02/05/un-an-a-la-hauteur/
Je pense que vous allez devoir revérifier vos bases… quand on lit certains commentaires, on a l’impression que vivre en ville ou dans le périurbain c’est un peu la même chose du point de vue de la pratique de la voiture… En gros, si on résume, les périurbains viennent tous les jours en voiture en ville pour travailler et les urbains (tous?) vont (tous les week-end?) à la campagne pour se promener… C’est sûr que cela doit représenter le même nombre de kilomètres… 🙂
C’est bizarre, mais ce que l’on voit dans les études ne correspond pas vraiment à cette vision idéalisée où « tout le monde il est pareil… » Les périurbains viennent chaque jour en ville pour travailler car c’est un peu le principe du périurbain (la ville-dortoir d’où tu dois partir pour aller travailler) et c’est même très souvent le cas des deux conjoints qui prennent la voiture pour aller très souvent dans des directions opposées… D’ailleurs , souvent les conjoints en question choisissent un lotissement périurbain grosso modo situé entre les 2 lieux de travail des 2 conjoints… (Comptez les kilomètres…) C’est d’ailleurs pourquoi on parle souvent de ménages multimotorisés pour décrire les habitants du périurbain, car sans voiture tu ne peux rien faire… Et quand les enfants grandissent et passent le permis, c’est encore mieux car tout le monde a sa voiture.
Quand on lit certains commentaires, le fait que certains urbains aillent certains week-ends à la campagne équivaudrait à la même chose…. Euh, il n’y a pas un problème là? Surtout quand on lit que les urbains devraient en plus remercier les périurbains d’entretenir les routes et les fossés… J’avoue que j’ai beaucoup ri en imaginant les habitants de lotissements entretenant les fossés au bord des routes en rentrant du boulot après une heure de voiture…. Peut-être qu’ils nettoient les fossés quand ils ont un accident et qu’ils finissent dedans avec leur voiture?
Après, si on veut objectiver le débat et sortir un peu de la discussion de café du genre « aujourd’hui il neige et j’ai pas vu beaucoup de vélos », il y a les chiffres de l’INSEE. Je sais qu’on est en manque de bars et de cafés, mais sur ce genre de sujets, il vaut quand même mieux utiliser des chiffres que son impression personnelle…
Source: https://www.insee.fr/fr/statistiques/5013868
Si on résume, les habitants des pôles urbains vont au travail en voiture dans environ 60% des cas alors que les habitants du périurbain ou du rural utilisent quant à eux la voiture dans 90% des cas… Ces 30 points de différence n’ont peut-être l’air de rien, mais ils font toute la différence en termes de pratique de mobilité et de distances parcourues. Ces 30 points de différence, c’est tout l’espace dégagé en milieu urbain pour la marche, le vélo et les transports en commun…
une fois de plus on appréciera toute la pédagogie, la clarté et finalement la force de conviction du Marcélou… !
quand on a bien montré le caractère engagé, idéologique – c’est pas négatif : tout le monde a forcément sa petite cosmologie… – et pour ainsi dire biaisé de cette démarche de l’agence d’urbanisme bordelaise, souhaitant présenter sa vision du périurbain, aux antipodes des dogmes anachroniques du moment, comme dirait son dirlo pas rigolo, reste encore la question de savoir s’il faut vraiment foutre la paix à nos amis périurbains, captifs, résignés ou hilares…
les constructions cognitives demandent du temps pour se modifier… elles résultent, comme le reste, d’une constante interaction individus-sociétés… il semblerait bien que certaines situations urgent… jusqu’à menacer de nous faire franchir les seuils de l’irréversibilité… le réchauffement climatique comme la misère sociale décuplée par les crises globales successives sont autant d’exemples où la navigation près des limites dangereuses est tout de suite reconnaissable…
ce qui nous renvoie à un devoir d’emmerdeurs joyeux… peut-être pour trancher avec un autre type d’emmerdeur, pur celui-là : le curé en pantalons… bien que l’éthique soit très bien prescrite par certains personnages, comme les philosophes, et arrivent à marquer les esprits : difficile par exemple de ne pas vanter le travail de Hans Jonas, particulièrement son ouvrage « Le principe responsabilité »… un des rares auteurs ayant pu modifier notre façon de penser dans le quotidien, le droit de l’environnement notamment, avec ce fameux principe de précaution…
emmerder l’autre ça peut gentiment consister à empêcher l’Autre d’entrer dans la torpeur… cette somnolence n’est pas forcément blâmable : comment ne pas se faire emberlificoter dans nos désirs et notre vigilance quand la technique de la mercatique emploie toutes ses ressources pour ça… ? ce fameux « désir de verdure » on l’a bien vu, à une autre époque et dans d’autres lieux, a largement été « fabriqué » par une des formes originales du capitalisme du moment : c’est comme ça que stigmatiser la ville américaine à l’européenne (côte est) a été à l’origine de la création des futures ruches humaines super étalées comme Los Angeles, en alimentant un véritable courant migratoire intérieur :
http://carfree.fr/index.php/2016/01/13/le-tram-lexpansion-urbaine-et-la-fin-de-la-ville-pietonne-a-travers-les-exemples-de-boston-philadelphie-et-los-angeles-aux-etats-unis/
puis industriels de la construction de matériel ferrovaire, lotisseurs – souvent sous la même casquette -, presse et édiles ont fabriqué leur business-bordel, pour prospérer jusqu’à la nouvelle donne de la diffusion fordiste de l’automobile, où un model similaire a troqué tram et train pour la bagnole, l’autoroute pour étendre la ville bien plus loin encore relativement au pueblo d’origine… même la « démocratie » s’est mise de la partie… ! avec ces référendums locaux qui ont coupé les subventions locales aux transports publics…
éthiquement c’est bien de notre devoir de faire chier l’autre… autant parce que son mode de vie fait chier la majorité – très peu d’aires urbaines françaises accumulent davantage d’habitants dans la couronne relativement à l’agglomération – en contribuant massivement à rendre impossible la vie en ville par les effets multiples de leurs choix contraints de mode de déplacement, autant pour faire savoir :
faire savoir qu’on ne peut éthiquement compromettre l’avenir des générations futures par ses choix irrationnels à conséquences néfastes socio-environnementales ;
faire savoir qu’éthiquement on ne peut se contenter de rester dans son poële, dans sa tour d’ivoire, en ne partageant pas la connaissance du moment, l’information dans ce contexte d’urgence…
faire savoir que la bêtise peut tuer contrairement à se que pourrait laisser croire l’adage, que tous les points de vue ne se valent pas, qu’on ne peut rester dans cette tyranie du petit client roi jusqu’au « choix résidentiel », influencés/influençables que nous sommes…
… pour sa tranquillité et celle de l’Autre nous avons ce devoir de nous faire violence pour rompre cette neutralité malveillante :
sinon ce ne serait pas faire preuve de solidarité, envers nos semblables et nos successeurs…
Par sainte bagnole et sainte carriole, c’est sous ce commentaire que j’aurai du rapprocher le film Roger Rabbit des crédos de Pédibus.
Ben oui, en plus, Robert Zemeckis avait aussi une vue assez précise du devenir de ces lotissements dans les retours vers le futur, il y a plus de trente ans.
bah… des lapins crétins ou de la peau de Roger Rabbit j’m’en tamponne le coquillard, comme de ma première purée de carottes… par Ste-Gnognole et son saint-frusquin le principal c’est d’avoir au plus vite celle du pot d’échappement, en guise de cuir-trophée…
boaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Comme j’arrive de Pessac, cet article résonne en moi tout particulièrement, cette commune qui s’étire à partir de Bordeaux pendant 20 kms sur une étroite bande presque plate le long de l’ancienne route d’Arcachon a de très belles pistes cyclables, qui servent avant tout aux loisirs. En effet, j’ai vu peu de pessacais.e.s aller faire leurs courses en vélo, sauf des personnes très âgées qui n’osent plus conduire, ou bien des enfants, ou bien des personnes très pauvres. Des années que j’y pédale, des années que je me paume dans les lotissements aux noms d’oiseaux ou d’arbres. Des années que je fais ma part pour sauver une des deux dernières fermes en allant acheter des laitages sur place (même pas bios… 😉 Mais je le répète, il y a désormais des pistes cyclables pratiquement partout, c’est un progrès immense, étant donné que le 50 km/h y est rarement respecté. En journée, c’est comme se promener dans une ville fantôme, (et en ce moment, le soir aussi, à cause du couvre-feu), et pourtant, à force de vivre à la fois loin et près les uns des autres, les habitants des lotissements pavillonnaires finissent pas voisiner, voire sympathiser, voire co-voiturer dans les cas des plus sensibles à la cause environnementale, oui, ils veulent pouvoir rentrer du boulot en ville avec leur voiture, mais ils ne veulent pas qu’on écrase leurs enfants qui rentrent de l’école, ils sont dépendants de leur voiture, mais ils veulent pouvoir en sortir pour pédaler ou marcher dans un cadre qui ne soit pas que du bitume. Qu’est-ce qui manque à ces endroits pour qu’ils soient plus vivants ? Selon moi, des commerces de proximité, avant tout, ou des micro-marchés de quartier.
J’ai oublié : Pour répondre à Prolo, j’ai l’impression que c’est l’inverse de ce que tu décris. Je ne sais pas si les « périurbains » autour de Bordeaux vont à Bordeaux pour se promener, mais je peux te dire qu’à Paris, les quais de Seine rendus aux piétons, qui offrent des perspectives magnifiques, objectivement, sont très fréquentés par les habitants des banlieues venus probablement avoir sous les yeux autre chose que leur centre commercial.
Et pourquoi, à chaque vacances scolaires, je vois circuler dans Paris des automobiles aux plaques d’immatriculation très peu Ile de France ?
Pour ma part, quand j’en ai marre de Pessac et de ses lotissements où seuls les habitants s’y retrouvent, je pédale jusqu’à Bordeaux, la plus belle ville de France (après Paris et La Rochelle) 😉
J’avais répondu au commentaire de Marcel Robert, mais ça n’a pas marché, 1ère fois que ça arrive. J’le refais en résumé : Pas le droit d’écrire ses ressentis, ce que fait tout le monde dans les commentaires mais ça doit dépendre des ressentis. Par exemple, ce type de cliché est acceptable « D’ailleurs , souvent les conjoints en question choisissent un lotissement périurbain grosso modo situé entre les 2 lieux de travail des 2 conjoints ». Et bien sûr le cliché sur le café du commerce, d’un niveau de discussion bien inférieur à celui des commentaires de Carfree qui rassemble la crème de la crème, personne ne va me contredire.
Mais comme me l’a appris mon prof de stat’ (et oui, j’ai fait ça dans ma jeunesse !), peu importe le résultat que vous obtenez, l’important dans les stat’, c’est le discours qui l’accompagne. Et comme les chiffres retirent tout ressenti, toute humanité et lissent le réel, avec 1/5e de la population vivant en Ile de France, à laquelle on ajoute les agglo lyonnaise, marseillaise et bordelaise, le reste de la France devient quantité négligeable.
Et je finis sur quelques chiffres locaux : Savoie : 75% des déplacements domicile-travail se font en voiture, pôle d’Albertville 83%, Beaufortain 76%.
Luttons contre la technocratie qui envahit nos villes et campagnes de machines et nos cerveaux de leurs chiffres !
Euh, cher Antho, il me semble que la deuxième plus grande ville de France, c’est la conurbation Lille-Roubaix-Tourcoing, loin devant Marseille et Lyon, tandis que Bordeaux joue en 5ème division loin derrière.
Je ne sais pas si ce sont mes propos que vous taxez élégamment de « café du commerce », mais je ne faisais pas part d’un ressenti, pas plus que de savantes données chiffrées, juste un témoignage sur deux ou trois villes où je traine mes roues de vélo régulièrement, et du côté des améliorations cyclables, Paris arrive maintenant en tête, alors que Bordeaux avait été très très en avance, et Pessac a une mention très honorable pour la qualité et la judicieuse répartition de ses pistes cyclables. Est-ce que ça va faire sortir les pessacais de leurs habitudes bagnolesques ? Je vois de mes yeux un timide frémissement, grâce justement à ces pistes bien placées, sécurisées, desservants les quartiers commerciaux, mais la moindre goutte de pluie les re précipite vers la tôle salvatrice.
oui Bibinato, ce qui manque cruellement à Pessac, dans ses infâmes lotissements en raquette de tennis, c’est un petit supermarché… Pessac, Mérignac, Le Haillan, Villenave… c’est à peu près le même urbanisme pavillonnaire… idem pour les communes entre 2500 et 20.000 habitants, sous l’influence d’une grande agglo ou isolées, en Gironde ou ailleurs…
là-dessus on ne peut que regretter la tournure de la dernière partie de monopoly, entre le canadien Couche Tard et Raquefour, qu’elle n’ait pas pu continuer, à cause sans doute d’un stupide chauvinisme gouvernemental :
peut-être que ça aurait pu augurer d’un changement de paradigme dans une partie de la grande distribution, avec un décentrement de l’hypermarché vers la myriade de commerces de proximité, à base de supérettes et petits supermarchés…
pour le reste il y a de quoi se mélanger les pinceaux : si on définit la France urbaine à partir des règles du statisticien français on pourrait se limiter aux agglomérations, avec l’unité urbaine qui tient toujours, malgré le largage du concept « d’aire urbaine », AU, pour satisfaire aux normes €urostat, remplacé par celui de « zone d’attractivité », qui gravite autour d’un « pôle » plus petit, et qui peut malmener l’ancien découpage (2010) pour certaines anciennes AU, comme Toulon, qui perd beaucoup de « territoire », ou qui reste assez neutre pour d’autres, comme Bordeaux ou Toulouse par exemple…
ancien ou nouveau concept on peut hiérarchiser le phénomène urbain français de 2017 avec le classement suivant :
agglo parisienne bonne première (phénomène de primatie, de macrocéphalie, de centralisme poussé à l’extrême… ) avec 10.8 millions d’hab (10.8 M)
loins derrière quasi ex-aequos Lyon et Marseille (1.6M)
puis un petit peloton avec Lille-Toulouse-Bordeaux-Nice (1.0M +- 0.05)
etc… pour faire la liste on peut activer le « comparateur de territoires » de l’INSEE, comme j’ai commencé à le faire ici avec Paris et Nantes : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=UU2020-00851+UU2020-44701
ce qu’il faut retenir* c’est qu’en 2017 une majorité très courte (51%) d’habitants résidaient dans le pôle d’une zone d’attraction urbaine, lequel est beaucoup plus étroit que les unités urbaines (agglos) : si on se refuse à faire entrer dans le périurbain la différence entre pôle (découpage 2020) et agglo (découpage 2010) on a une proportion bien plus importante de population habitant en « territoire urbain » ;
si l’on s’en tient à quelque chose de très concret, les périmètres de transport urbain, là où les intercommunalités gérent bus, tram et métro, les limites dépassent très largement ces pôles du nouveau découpage 2020…
bien sûr, pour ne pas envoyer les pinceaux au diable, j’épargne aux lecteurs la lecture pénible de cette « étude » de l’agence d’urbanisme bordelaise, qui inclut Pessac et Mérignac – communes de pôle urbain – dans le périurbain, pour les besoins de sa cause…
*https://decryptageo.fr/wp-content/uploads/2020/10/Aires-attraction-urbaine-2020-note-insee.pdf
J’avais écrit il y a 5 ans un petit article qui traitait déjà de la question du périurbain et de la dépendance automobile:
http://carfree.fr/index.php/2016/06/15/les-automobilistes-sont-des-feignasses/
Quand je le relis aujourd’hui, je me rends compte que je me suis bien calmé depuis… 😅
73 commentaires à l’époque…
les carfristes ont oublié de faire des petits… ou se seraient-ils en partie reconvertis, nouveaux dévots de Ste-Gnognole… ?
On va faire des statistiques sur les commentaires carfree maintenant? 😂
Bon… Si tu prends cet autre article de 2010 également sur le périurbain, il n’avait que 15 commentaires soit beaucoup moins qu’aujourd’hui… Je te laisse tirer tes propres conclusions.
http://carfree.fr/index.php/2010/02/25/quel-avenir-pour-les-lotissements-periurbains/
bah…
prend pas la mouche mon bon vieux Marcélou…
je suis sûr à 99.9% – stat perso… – que si tu refais un article où perce dans le titre « automobiliste », avec un qualificatif bien senti,… eh ben ça va gratouiller du clavardage sur nos ondes chez pas moins d’une centaine de carfristes en moins de temps qu’il faut pour le penser…
creusons-nous le caisson pour refaire le score…
plus sérieusement :
dans nos imaginaires il semblerait bien que parmi le paysage et les acteurs celui qui est derrière un volant capte davantage l’attention, suscite une plus grande réaction, que des objets ou des concepts comme une maison – même en flammes – , un véhicule – même embouti sur un platane périurbain ou de banlieue – ou un concept maintenant bien diffusé et compris comme l’étalement urbain…
Hé hé… C’est toi qui semble prendre la mouche mon bon vieux Pédicure…
Je répondais juste à ton sous-entendu selon lequel les lecteurs de Carfree avaient peut-être disparu pour on ne sait quelle mystérieuse raison…
Peut-être parce qu’ils se sont lassés d’attendre tes articles… 😂
Euh non, la remarque »café du commerce » n’était pas pour Bibinato, Ma réponse est décalée face à cette forte participation, c’était en réponse à Marcel, qui me renvoyait, moi et surement prolo, au café du coin. Marcel a raison, car on est bien en manque de café et bars. Il en faudrait un par lotissement, avec parking vélo et pistes cyclables en étoiles qui mènent toutes au rhum.