Pour la décroissance de la naïveté

Les limites à la croissance (dans un monde fini) est un livre assez récent qui a une longue histoire. Écrit en 2004 par Donella Meadows, Dennis Meadows et Jorgen Randers, il connaît une traduction française en 2012. Ce livre possède une longue histoire car il s’agit en fait d’une mise à jour, la troisième en l’occurrence, d’un livre célèbre de 1972 intitulé « The Limits To Growth » et imparfaitement traduit en français sous le nom de « Halte à la croissance?: Rapport sur les limites de la croissance ».

Le livre est également célèbre car il s’agit du rapport initial de ce que l’on a appelé dans les années 1970 le Club de Rome, un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires internationaux de haut niveau, ainsi que des industriels de 53 pays. Plus que célèbre, on pourrait même dire révolutionnaire dans la mesure où il s’agit du premier rapport scientifique d’envergure à poser la question des limites de la planète en matière de croissance économique.

Même les travaux de l’économiste Nicholas Georgescu-Roegen sur la décroissance viennent après dans la mesure où son livre phare, « La décroissance – Entropie – Écologie – Économie » a été réalisé en 1979 en partie à partir de textes écrits entre 1971 et 1976.

Le rapport du Club de Rome, que l’on devrait plutôt appeler le Rapport Meadows, énonçait une vérité à la fois simple et révolutionnaire au début des années 1970: notre monde est limité et si nous suivons le même rythme de croissance auquel toutes nos économies tendent, nous allons franchir un certain nombre de limites soutenables. Ces limites peuvent être d’ordre énergétique (épuisement des ressources fossiles), minéral (épuisement d’un grand nombre de matières premières nécessaires à la croissance du système économique), climatique (émissions de gaz à effet de serre), agricole (épuisement des terres) ou environnemental (pollution généralisée).

Ce franchissement progressif des limites nous mène, selon le rapport Meadows de 1972, vers l’effondrement de la société, par des crises alimentaires, des crises environnementales, des crises climatiques, des crises économiques, etc.

Le rapport Meadows ne constituait pas un livre doctrinal et encore moins militant. Écrit par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), il s’agit avant tout d’un livre scientifique dans la mesure où il se base sur l’utilisation d’un modèle informatique de type « Dynamique des systèmes » appelé World3. Ce modèle informatique intègre une batterie d’indicateurs à l’échelle mondiale sur l’agriculture, l’industrie, la démographie, l’énergie et les matières premières, la pollution.

Le but du modèle informatique est d’élaborer des scenarii d’évolution en fonction de variables-clé. Or, le résultat sensationnel à l’époque montrait que le système actuel reposant sur une croissance économique perpétuelle, à savoir l’alpha et l’oméga de toutes les politiques publiques depuis maintenant des décennies, se dirigeait droit vers l’effondrement.

L’intérêt de parler de nouveau aujourd’hui de ce rapport est multiple. Tout d’abord, quarante ans après, il est permis de s’interroger sur la validité de ce qui était prévu au début des années 1970. Ensuite, il semble intéressant d’observer quelle direction a pris le monde ces quarante dernières années en matière de « soutenabilité ». Enfin, il paraît nécessaire d’estimer l’importance d’un tel travail aujourd’hui et pour l’avenir.

En premier lieu, il faut reconnaître au rapport de 1972 la pertinence de ses prévisions. Si on observe les principales anticipations prévues en 1972 en matière démographique, industrielle, climatique, énergétique, etc., elles se sont quasiment toutes vérifiées sur les quarante dernières années. Plus précisément, il apparaît que notre modèle de développement a suivi jusqu’à présent le scenario « business as usual » tel qu’il était prévu dans le rapport Meadows, c’est-à-dire l’évolution prévisible du monde sans changement majeur destiné à limiter l’impact de l’homme sur la planète. Dit autrement, ces quarante dernières années, nous avons continué à foncer droit dans le mur de la soutenabilité.

C’est pourquoi, la version actualisée du rapport Meadows nous prévient qu’un certain nombres de limites ont d’ores et déjà été franchies, ce qui n’était pas encore le cas au début des années 1970. Aujourd’hui, la consommation de ressources par les hommes dépasse de quelques 20% la capacité de charge mondiale. L’humanité aurait connu pour la dernière fois un niveau de vie soutenable dans les années 1980. Nous vivons aujourd’hui au-dessus de nos moyens, et cela se traduit par une raréfaction accélérée de matières premières non durables, par un appauvrissement général des terres et par une augmentation continue de la pollution.

Aujourd’hui, il est donc possible à la fois de mesurer la précision de ce qui était prévu dans le rapport Meadows et de prendre conscience de son échec fondamental à enrayer la spirale dans laquelle nous nous trouvons. En effet, le but de cet ouvrage était d’alerter les citoyens et surtout les décideurs (politiques et économiques) sur la nécessité absolue de changer de modèle. Quarante ans après, il est possible de constater que rien n’a changé et que le monde suit la même voie, à savoir la poursuite indéfinie d’une croissance infinie dans un monde fini.

Pourquoi le Club de Rome et le rapport Meadows n’ont-ils pas eu l’impact souhaitable pour inverser la tendance? L’Histoire a pu montrer parfois que, face à un danger planétaire, les Hommes pouvaient se prendre en main pour inverser la tendance. Le meilleur exemple est peut-être celui de l’interdiction mondiale des chlorofluorocarbones (CFC), destructeurs de la couche d’ozone. Sur ce point précis, les Hommes et les nations ont réussi, tant bien que mal et avec du temps, à limiter drastiquement l’utilisation des CFC afin de permettre une lente reconstitution de la couche d’ozone.

Sur un autre exemple, celui du réchauffement climatique, il est permis de douter fortement de l’efficacité des multiples rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), fort pourtant de plusieurs milliers de scientifiques à travers le monde.

Or, avec le Club de Rome et le rapport Meadows, on est bien en-deçà de la force de frappe du GIEC. Le Club de Rome regroupe quelques centaines de personnes tout au plus et le rapport Meadows a été écrit par trois personnes seulement… Avec toute la meilleure volonté du monde, cela reste un chuchotement dans le brouhaha de la croissance mondiale.

En outre, il faut s’interroger sur la pertinence du couple Club de Rome-Rapport Meadows. Le Club de Rome est essentiellement un groupe de technocrates et de bureaucrates, dirigé à l’origine par Aurelio Peccei, un capitaine d’industrie italien, membre du conseil d’administration de Fiat… En poussant le trait, quel crédit apporterait-on à un comité mondial de lutte contre le tabagisme qui serait dirigé par un membre du conseil d’administration de Philip Morris?

Lire aussi :  L'homme à coque

Quand bien même Aurelio Peccei serait animé de la meilleure volonté du monde, on peut s’interroger sur les nombreux filtres conceptuels qu’une telle personne intègre dans sa vision des problèmes mondiaux liés à la croissance sans limites…

Plus important, quels sont les filtres conceptuels des trois chercheurs à l’origine du rapport Meadows? La question semble particulièrement pertinente dans la mesure où les trois auteurs du rapport posent eux-mêmes la question dans le cadre de l’élaboration du modèle informatique World3. En effet, un modèle informatique n’est pas une émanation pure et parfaite de l’objectivité scientifique. Avant tout, il est le produit des cadres conceptuels des personnes qui l’ont mis en place.

Si les auteurs s’étendent sur une partie de ces filtres conceptuels, à savoir leur vision « systémique » des choses, ils ne disent pas grand chose sur leur vision de l’économie, même si on devine entre les lignes qu’ils inscrivent leur mode de pensée dans le cadre de l’économie de marché. Dit autrement, la capitalisme « va de soi » et n’apparait pas vraiment comme une variable d’ajustement du modèle informatique. Bien mieux, les auteurs tiennent à rappeler leur rejet de toute forme d’économie planifiée, présentée forcément comme « de type soviétique ».

Mais, les auteurs ne sont pas forcément à une contradiction près, car dans la conclusion du rapport, ils avancent qu’il faut « enclencher une réduction planifiée de l’empreinte écologique de l’humanité. » Il faudrait juste nous expliquer comment il est possible de mener une telle réduction « planifiée » dans le cadre du seul jeu du marché…

En fait, tout se passe comme si les auteurs faisaient tourner leurs modèles informatiques qui disent à peu près tous qu’on se dirige droit dans le mur, puis en tiraient des conclusions complètement déconnectées des enjeux fondamentaux produits par ces modèles.

Ainsi, le plus déconcertant de naïveté se produit à la fin du rapport quand les auteurs tentent de définir les « outils » nous permettant d’inverser la tendance qui nous mène à l’effondrement. On commence par nous parler des fameux ou fumeux « 50 gestes simples pour sauver la planète ». Et le premier geste à faire selon les auteurs du rapport est, sans rire, « d’acheter une voiture efficiente sur le plan énergétique »…

On croit rêver… On vient de lire un livre de 400 pages nous expliquant en long, en large et en travers que « les limites ont été franchies » et que « l’on se dirige vers l’effondrement » et il faudrait courir chez le concessionnaire pour acheter une « voiture efficiente sur le plan énergétique »?

Cela rappelle étrangement un épisode des Simpson où Homer se rend chez un concessionnaire automobile pour acheter une voiture électrique (car elle est fournie avec un cadeau). Dialogue:
– Homer: Bonjour, j’aime vachement votre planète alors je veux acheter une de vos voitures électroniques.
– Le concessionnaire: C’est rassurant de voir des gens qui font des efforts pour réduire l’effet de serre.
– Homer: Les fesses de qui?

Au-delà de la blague, il paraît étonnant de devoir acheter une voiture pour sauver la planète… Est-ce que le conseil est aussi valable pour tous ceux qui n’ont pas de voiture et qui utilisent le vélo au quotidien? Est-ce que le conseil s’adresse aussi à tous les pauvres de la planète qui n’ont pas encore de voiture mais qui en auront probablement bientôt une? Pour rappel, il y a déjà environ 1 milliard de voitures en circulation sur Terre et les experts du Fonds Monétaire International (FMI) en prévoient trois milliards en 2050. Est-il « soutenable » d’avoir trois milliards de « voitures efficientes » en circulation sur la planète quand, avec déjà un seul milliard de voitures, nous avons déjà dépassé les limites de la soutenabilité?

Par ailleurs, qu’est-ce qu’une voiture « efficiente » sur le plan énergétique? Le rapport ayant été écrit en 2004, on peut supposer qu’il s’agit d’une voiture hybride du type Toyota Prius car c’était à peu près le seul modèle en vente il y a 10 ans.

Si l’efficience se définit comme l’optimisation des outils mis en œuvre pour parvenir à un résultat, on parle donc de voitures incorporant toujours plus de technologie pour faire baisser la consommation d’énergie non renouvelable. Il ne s’agit donc pas de se passer de voiture ou même de construire des voitures plus simples et plus légères qui durent plus longtemps, avec moins de technologie ou d’options, mais de développer au contraire la course à la technologie.

Malheureusement, c’est exactement ce que l’on fait depuis plusieurs années, avec le développement des voitures hybrides puis maintenant des voitures électriques, qui intègrent toujours plus de technologie, de matières premières rares et polluantes. Ainsi, les auteurs du rapport Meadows proposent comme solution à l’effondrement de faire exactement ce que nous sommes en train de faire alors même qu’ils reconnaissent que ce que nous faisons nous mène…. à l’effondrement!

Ce seul exemple illustre à la fois le caractère complètement déconnecté des réalités des auteurs du rapport et leur profonde naïveté. Si on suit leur raisonnement, ce sont avant tout le marché et la technologie qui vont nous sauver, même s’ils reconnaissent que cela ne sera pas suffisant.

La conclusion de l’ouvrage détaille en effet ce qui manque au marché et à la technologie pour nous tirer d’affaire. Accrochez-vous à votre chaise, voici la liste des ingrédients nécessaires pour sauver le monde dans le cadre d’une société de marché technologique et éco-efficiente: l’inspiration, le travail en réseau, l’honnêteté, l’apprentissage et… l’amour.

Et les auteurs, qui sentent intuitivement que l’on va les critiquer, prennent la précaution d’accuser par avance les critiques éventuelles de « cynisme ». En gros, si vous trouvez tout cela ridicule, c’est que vous êtes cynique.

Donc, ne soyons pas cyniques. Tout va aller beaucoup mieux quand les grands patrons, les détenteurs du capital, les actionnaires, les banquiers et les traders feront preuve d’amour. Enfin, ils comprendront que cela n’a pas de sens de développer sans fin la croissance pour amasser toujours plus de richesses en creusant toujours plus les inégalités.

Alléluia !

Les limites à la croissance (dans un monde fini), par Donella et Dennis Meadows, Jorgen Randers
Rue de l’Echiquier, 2012, 425 p.

12 commentaires sur “Pour la décroissance de la naïveté

  1. Noj

    Pensons aussi à la décroissance de la population mondiale…au contrôle de la natalité…svp…
    La surface immergée disponible par être humain est ridiculement petite…

  2. pedibus

    Merci pour cette déconstruction… salutaire (!). Et battons notre coulpe sans arrières pensées, sans calcul tactique : les curés en pantalons ne sont pas là où on croit (!)

    Meadows bis ou ter aura toutefois le mérite d’alarmer, c’est au moins un point positif, au cas où il existerait encore des individus confiants en l’avenir…

    Pour le reste, la techno science comme outil réparateur de sociétés en panne pour changer ses dogmes quand la terre se révèle (!) finalement ronde et limitée, ou encore l’informatique utilisée à l’époque pour accréditer son discours, tout comme la composition de l’aréopage et la verticalité de la démarche ça fait XXe siècle pas encore pénétré par la postmodernité et l’avènement de l’individualisme, dans le petit reste de sens noble du terme, c’est-à-dire une époque où individus ont acquis la capacité de chercher et de trouver l’émancipation après le nécessaire effort d’information et d’autoformation…

    Toutefois qu’on ne jette pas tout avec la vidange du baptistère (!) : la verticalité a encore du bon si on peut opposer deux pouvoirs manipulables au profit de la bonne cause (!). Ainsi qu’on ne désespère pas du GIEC, comme rappel à l’ordre de la réalité physique du substrat sur lequel évoluent notre Histoire d’espèce et nos petites histoires à temporalité courte. Si l’exécutif politique lucide veut encore se mettre en action il aura là une source de légitimité, mais bien sûr l’absence d’audace ne sera pas sanctionnée par le contrôle à long terme de « l’observatoire » du GIEC…

    En attendant dans le combat essentiel, idéel celui-là, celui des représentations, celui du système de valeurs possiblement « déconstructible », faisons confiance à la symbolique que peut nous fabriquer le contingent, le quotidien, le fastidieux des relevés de température par exemple: il y a du concret qui se prépare.

    Ainsi nous sommes en passe d’annoncer, par exemple… – patience, c’est dans cinq jours, et les prévisions météo sont favorables… – qu’à la station météo de Mérignac, à côté de Bordeaux, déjà dans la cambrousse* à côté de l’aéroport, d’annoncer donc qu’il n’y aura eu d’observé sur un an qu’un jour de gel (-0.1°Celsius en début mars 2014)
    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    http://meteociel.fr/climatologie/villes.php?code=7510&mois=12&annee=2013

    çà va bouger, et on y croaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa de + en +

    *donc pas de biais avec l’effet « îlot de chaleur » de la ville

  3. Vincent

    > Mais, les auteurs ne sont pas forcément à une contradiction près, car dans la conclusion du rapport, ils avancent qu’il faut « enclencher une réduction planifiée de l’empreinte écologique de l’humanité. » Il faudrait juste nous expliquer comment il est possible de mener une telle réduction « planifiée » dans le cadre du seul jeu du marché…

    On peut se demander si Meadows est totalement inconscient de cette contradiction, ou s’il n’ose pas aller au fond des choses de peur de réduire encore l’impact de son livre en proposant de sortir du capitalisme, ce qui, dans le contexte américain, est encore moins « soutenable » qu’en Europe.

    C’est vrai que suggérer comme solution le passage de la voiture à pétrole à la voiture hybride , ça laisse rêveur…

  4. Jack A

    Et bien la lecture de cet article me donne envie de faire un commentaire sur le malthusianisme.. et puis je découvre le premier commentaire de Noj qui confirme qu’il en faut un!

    Si les classes dominantes commencent a réaliser que la terre est ronde (=les ressources ne sont pas infinies), ce n’est pas pour diminuer leur consommation pour autant! Si il y a beaucoup de convives pour un gâteau on peut faire des parts plus petites, ou exclure des gens de la fête!

    Je crains bien que le discours « on est trop nombreux pour notre petite planète » va être de plus en plus a la mode dans le futur.
    Quel media osera dire « Il y a trop d’automobilistes » quant il peut confortablement accuser les populations les plus pauvres d’avoir trop d’enfants?

    L’article dit que le mode de vie moyen était encore soutenable dans les années 70. Entre retrouver le mode de vie de cette époque, qui n’a rien a voir avec l’age de pierre tout de même, et « contrôler la natalité (des pauvres) », beaucoup ont déjà choisi..

    Nouvel argument pour le velo: « Grace a ma faible consommation de ressources vous pouvez faire tous les bébés que vous voulez! » 🙂

  5. houlouk

    Personnellement j’entends plus souvent des médias critiquer la voiture qu’ appeler à une dépopulation généralisée

  6. pedibus

    Meadows première version paraît bien daté du fait de l’événement majeur survenu depuis, à savoir la transition démographique, bien engagée dans beaucoup d’Etats, Inde comprise : même s’il reste encore des Etats avec des taux de natalité quasi inchangés – concentrés dans la zone intertropicale de l’Afrique dans une bonne proportion – on ne peut plus tenir de discours autour de la « bombe démographique » comme par exemple le très respectable François Ramade pouvait le faire encore dans la dernière édition de ses ouvrages sur l’écologie, ici comme discipline des sciences de la vie.

    Là où le bât motorisé blesse l’avenir de la planète et des sociétés c’est évidemment le phénomène d’acculturation qui touche ces dernières, avec la diffusion d’un mode vie détestable, celui centré bagnole avec son système destructeur à toutes les échelles…

  7. Jean-Marc

    JackA : »Je crains bien que le discours « on est trop nombreux pour notre petite planète » va être de plus en plus a la mode dans le futur.
    Quel media osera dire « Il y a trop d’automobilistes » quant il peut confortablement accuser les populations les plus pauvres d’avoir trop d’enfants? »

    Tout à fait,
    il est tellement plus simple d accuser les autres (sur qui nous n avons aucune maitrise…) que de se remettre en question, et de regarder son comportement…

    Pourtant, quand on regarde l’empreinte carbone des 1% de pakistanais ou benghalis les plus pauvres, face à celle des 10% d occidentaux les plus riches, on trouve un facteur de plusieurs 100aines.
    Alors, le jour ou la taux de natalité des pakistanais sera plus de 500 fois celui des américains ou français, on pourra commencer à s intéresser à leur sur-consommation ^^

    Lien utile :
    http://carfree.fr/index.php/2011/06/29/il-ny-a-pas-trop-dhumains-il-y-a-trop-dautomobilistes-paul-aries/

  8. Noj

    Il y a trop de bagnoles…ET trop d’êtres humains…
    Mathématiquement, même si tous les Occidentaux vivaient comme les plus pauvres d’entre nous (matériellement parlant), il serait nécessaire d’avoir une régulation des naissances sur base volontaire. En dehors de la trilogie des guerres-épidémies-famines. Permettre à toutes les femmes d’avoir accès au planning familial, à la pilule ou autre me semble indiqué. Sur base volontaire et lucide, par l’éducation. Avant que la logique mathématique (ou d’extrême de tout bord) ne nous mène vers des politiques dictatoriales en la matière.

    Toutes les espèces animales (auxquelles nous sommes censés appartenir) auto-régulent leurs populations dès qu’un espace X est rempli… ou émigrent, trouvent un nouveau territoire : c’est comme ça que la planète s’est peuplée. Allons-nous émigrer maintenant sur la lune ?
    L’homme accumule des choses et s’accumule sur cette planète en fermant les yeux… ou en tabouisant le sujet de la régulation volontaire et lucide des naissances.

  9. pedibus

    (1) « Il y a trop de bagnoles…ET trop d’êtres humains… »

    La question pour moi n’est pas de stigmatiser… les malthusianistes… comme l’ont trop fait les géographes français (voir les ouvrages d’Yvette Veyret par exemple…).

    Modifions simplement le second terme de (1) en laissant espérer que la démographie terrienne s’achemine lentement mais sûrement vers un palier en termes quantitatifs avant de fléchir comme l’observation le montre pour les Etats en situation de post transition démographique. Le premier terme est bon, gardons-le. Rajoutons néanmoins qu’une transition des modes de vie urge plus que jamais.

  10. Toto le héros

    Ahhhhhh ! Les petits Français 🙁

    Ce livre n’est pas récent. Il est déjà remplacé par la dernière mouture, qui sera peut-être traduite dans … 10 ans ? Pour ceux intéressés par l’histoire de ces livres, lire l’ouvrage de Ugo Bardi … en anglais et qui ne sera jamais traduit.

    Quelques remarques. Vous dites : « la capitalisme « va de soi » et n’apparait pas vraiment comme une variable d’ajustement du modèle informatique ». Évidemment que le capitalisme « va de soi » puisque le modèle décrit l’existant. D’autre part, sachant que le modèle est public et qu’il peut être modifié, dites-nous de quelle façon vous modéliseriez la variable capitalisme ? Admettons qu’on puisse le faire. Il y aurait donc « plus » ou « moins » de capitalisme dans le modèle (et oui, il faut des variables quantitatives dans un modèle de ce genre) ? Et dans la foulée : quel serait l’autre modèle économique ? Comment le modéliseriez-vous ? Franchement, je ne sais pas qui est naïf ;-)) Vous me faites penser à Homer à qui le vendeur essaie de fourguer une voiture et qui s’étonne qu’elle ne vole pas aussi  à Mach3 sous l’eau !

  11. Marcel Robert Auteur

    Ahhhhh heureusement que Toto le héros est là pour nous remettre dans le droit chemin… Déjà, le livre n’est pas récent et a « déjà été remplacé par la dernière mouture »? Ah bon, laquelle? C’est bizarre, je parle ici de la dernière version du livre écrite par Donella Meadows, Dennis Meadows et Jorgen Randers, les auteurs initiaux du livre en 1972. Cette version date de 2004 et a été traduite en 2012. Je ne parle pas d’autres livres écrits par d’autres gens, peut-être intéressants par ailleurs, mais qui ne sont pas le sujet de cet article.

    Mais apparemment, vous n’avez pas du lire le livre car sinon vous sauriez justement que le modèle World3 utilisé par les 3 chercheurs ne se contente pas de « décrire l’existant ». Il s’agit d’un modèle prédictif qui imagine des futurs possibles en fonction de variables-clé. C’est justement tout l’intérêt d’un modèle informatique de ce type, à savoir ne pas se contenter de décrire l’existant.

    Or, comme je le dis dans l’article, un modèle informatique n’est pas une émanation pure et parfaite de l’objectivité: il produit des résultats qui dépendent des variables introduites en amont. Du choix initial des variables découle l’univers des possibles produit par le modèle…

    World3 fait interagir quelques grands jeux de variables concernant la production agricole et industrielle, la démographie, les ressources non renouvelables et la pollution. Ces variables interagissent entre elles dans le cadre de l’économie capitaliste (loi de l’offre et de la demande, recherche du profit, etc.)

    Les auteurs remarquent que, lorsque le jeu du marché s’exerce (scenario business as usual), tous les paramètres vont rapidement dans le rouge. Quelle conclusion en tirent-ils? Que le marché et la technologie vont nous sauver, modulo un peu d’honnêteté et d’amour… Qui est naïf?

    Le plus ridicule, c’est quand ils prennent bien soin d’expliquer qu’ils rejettent « toute forme d’économie planifiée » (sans doute pour ne pas effrayer leur cible éditoriale, à savoir les décideurs ou autres managers ) tout en reconnaissant qu’il faut « enclencher une réduction planifiée de l’empreinte écologique de l’humanité. »

    Aussi, quitte à mettre en place un modèle informatique prédictif, pourquoi ne pas justement injecter dans le modèle des paramètres relatifs à cette « planification ». Car, je ne vois pas trop comment on peut enclencher une réduction planifiée de l’empreinte écologique de l’humanité sans un minimum de planification économique…

    Les auteurs n’ont pas fait ce choix-là, et en conclusion, ils proposent aux lecteurs (les décideurs-managers) d’acheter une voiture hybride… Cohérent jusqu’au bout.

     

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