Par les temps (de crise) qui courent, l’économie mondiale se découvre une âme écolo. Mais derrière une certaine prise de conscience de l’urgence se cache surtout une stratégie opportuniste des industriels… C’est en tout cas l’opinion du philosophe Dominique Bourg.
Les constructeurs automobiles se ruent sur la voiture électrique, Barack Obama propose un plan de relance « écologisé », le secteur des green techs ignore la crise et, information moins connue mais véritablement révolutionnaire, la Chine vote une loi écologique qui va bouleverser son modèle de développement. Ces derniers mois, sous l’effet de la tourmente financière, l’économie mondiale se découvre une âme écologique et un nouveau mantra : la « croissance verte ». Simple effet de panique ou basculement profond de modèle ? A l’occasion de la Semaine du développement durable, Dominique Bourg, philosophe et conseiller rapproché de Nicolas Hulot, décrypte ce brusque « verdissement » des stratégies économiques et industrielles.
Vous pensez qu’on assiste à un vrai basculement de modèle ?
Tout dépend des secteurs. Les industriels de l’énergie, qui sont obligés de faire de la prospective au long cours, ont compris depuis une bonne dizaine d’années. Les pétroliers, par exemple, ont fini par admettre le peak oil, le moment où les ressources pétrolières commencent à décroître : le dernier rapport de prospective de Shell évoque 2015 ! Mais dans le cas des constructeurs automobiles, je vois surtout une grande panique ! Aujourd’hui, ils se sont persuadés que le consommateur « attend » la voiture électrique. Mais pourquoi pas l’hybride rechargeable sur secteur ? L’électricité en soi n’est pas la panacée. L’important, c’est la façon dont elle est produite, à partir d’énergies carbonées ou non, renouvelables ou pas ! Mais les constructeurs ne se posent pas ces questions.
Et ils n’ont toujours pas compris, je le crains, que la voiture vit aussi une énorme mutation symbolique. Pendant des décennies, l’auto a été l’objet du désir « mimétique », pour reprendre René Girard : chacun désirait ce que désirait autrui… la voiture du voisin en mieux ! C’était aussi l’objet technologique par excellence. Celui au travers duquel le progrès devenait accessible à tous et qui symbolisait les valeurs modernes : la liberté, la mobilité, l’évasion dans un monde sans limite. Comme dans ces pubs grotesques où un type tout seul dans sa bagnole découvre des paysages sauvages, à l’instar des explorateurs du XIXe siècle. Mais ce monde n’existe plus. Il n’y a plus un domaine où nous ne soyons confrontés à la finitude. Y compris en termes d’occupation de l’espace : nous sommes sept milliards sur la planète, bientôt neuf, alors l’exploration de terres inconnues au volant de sa voiture, il faut laisser tomber ! Du coup, la voiture se transforme en un objet ringard et coupable, associé symboliquement au changement climatique (même si les transports ne sont responsables que de 20 % du réchauffement). Bref, l’objet fétiche devient la victime expiatoire du changement de monde en cours.
Source: www.telerama.fr
je pense que tout ce qui aide la planète est bon à prendre, mais c’est vrais que les industriels surfent sur la vague du bio sans se soucier des réels impacts…
Les transports individuels motorisés sont responsables de bien plus que 20% des émissions de GES. Il faut de plus comprendre qu’il y a un effet induit du fait qu’ils créent un mode de vie gourmant en énergies: étalement urbain, villes sales d’où la nécessité de les fuir à intervalles régulier, consommation outrancière, sans compter toute l’industrie qui produit les bagnoles.
bon article , dans ton domaine …. amicalement, michel
Je pense pareil que Boddah, tout est bon à prendre même si ça vient d’industrielle qui ne se préoccupe que de l’argent. Ce qui compte c’est que ça touche du monde.