Pour dépassionner le débat autour de la voiture, l’urbaniste Elena Cogato Lanza, coautrice de l’ouvrage Post-Car World, a planché sur un monde, en l’occurrence un Arc lémanique, débarrassé de tout véhicule motorisé. Une idée extrême, mais vers laquelle il serait envisageable de tendre, assure-t-elle au micro de l’émission de La Matinale sur la Radio télévision suisse.
une grosse frustration après la lecture de la vidéo :
il nous manque en France ce genre de chercheur, en urbanisme, en géographie ou en sciences sociales en général, qui se focalise enfin sur l’automobile… !
Elena Cogato Lanza a une approche multidisciplinaire des territoires à requalifier à terme, à l’horizon post-car comme elle dit ; l’histoire urbaine a une large place et cette image de territoire palimpseste pour la ville rend possible toute idée de transformation, donne un solide espoir de voir un jour d’autres usages, particulièrement sa partie creuse, le réseau viaire ; là-dessus je suis resté très étonné que ce réseau ait assez peu bougé au cours du siècle précédent à l’exception des infrastructures autoroutières comme elle l’affirme :
je suis allé voir sur une carte s’il existait en Suisse ce qui concerne massivement les périphéries urbaines françaises, à savoir les constructions de logements en lotissement, avec un réseau viaire additionnel qui ne mène souvent nulle part, tourne en rond au point du reste d’avoir reçu le nom de raquette de tennis ; j’ai pu voir un équivalent au nord de la commune de Lausanne avec une morphologie viaire légèrement différente, avec beaucoup d’impasses :
https://www.google.com/maps/place/Lausanne,+Switzerland/@46.5597499,6.6289489,498m/data=!3m1!1e3!4m6!3m5!1s0x478c293ecd89a7e5:0xeb173fc9cae2ee5e!8m2!3d46.5196535!4d6.6322734!16zL20vMDRxZGo?entry=ttu
la taille des parcelles, 1000 m2, semble modeste et correspond – à raison d’une moyenne de deux personnes par ménage – à une densité démographique de 2000 habitants par km2, ce qu’on retrouve dans pas mal de lotissements français à petites parcelles…
un peu plus à l’ouest, à Bussigny, d’après l’unique capture d’image de Google Street View de juin 2013, le chemin de Bussenius coupait des champs de blé : https://www.google.com/maps/@46.5570817,6.5505427,3a,75y,282.15h,90t/data=!3m7!1e1!3m5!1slTsVrxc90bqLGBHh-u8mAg!2e0!6shttps:%2F%2Fstreetviewpixels-pa.googleapis.com%2Fv1%2Fthumbnail%3Fpanoid%3DlTsVrxc90bqLGBHh-u8mAg%26cb_client%3Dmaps_sv.tactile.gps%26w%3D203%26h%3D100%26yaw%3D287.38147%26pitch%3D0%26thumbfov%3D100!7i13312!8i6656?entry=ttu
mais l’image satellitaire donne à la place un lotissement sur un peu moins de six hectares :
https://www.google.com/maps/place/Lausanne,+Switzerland/@46.5570845,6.5502387,498m/data=!3m1!1e3!4m6!3m5!1s0x478c293ecd89a7e5:0xeb173fc9cae2ee5e!8m2!3d46.5196535!4d6.6322734!16zL20vMDRxZGo?entry=ttu
une proportion importante de pavillons accolés donne une surface moyenne de 500 m2 pour les parcelles et une densité double de celle du lotissement de Lausanne vu précédemment ;
cet horizon post-car sur l’arc lémanique à un gros atout avec l’offre ferroviaire existante et des projets en la matière ; par contre il existe une grande menace, avec un jeu d’acteurs où se trouve le puissant lobby de l’automobile, particulièrement le TCS – le touring club suisse -, automobile club national, avec un nombre d’adhérents en constante augmentation – un million et demi en 2021 – qui s’est rapproché des partis de droites dans le jeu politique helvète, et qui est souvent à l’origine de votations locales pour réclamer davantage de bitume, des compensations de places de stationnement à l’occasion d’une requalification de rue ou encore la construction de parkings en ouvrage…