Des réserves de pétrole en baisse

« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »

Kenneth Boulding

Les tendances actuelles des découvertes de pétrole

Des estimations préliminaires, on peut conclure que les découvertes mondiales totales de pétrole en 2004 ont été d’environ 7 Gb, dont peut-être 2 Gb en eau profonde. Moins que la moitié a été trouvée dans des champs avec des réserves du 100 Mb ou plus. En outre, le coût d’exploration a dépassé la valeur nette des découvertes en termes absolus. Ceci est cependant trompeur parce que le régime d’impôts fournit une énorme subvention à l’industrie internationale en permettant de déduire les frais d’exploitation du revenu imposable, qui est élevé grâce au prix élevé du pétrole. Dans beaucoup de pays, les compagnies pétrolières dépensent effectivement les dollars. Si elles ne peuvent pas trouver plus à de telles conditions attrayantes, cela suggère plutôt qu’il n’y a rien à trouver.

La tendance décroissante des découvertes, en dépit des prix élevés et d’une demande croissante, remet en question l’évaluation actuelle de l’ASPO que 145 Gb attendent d’être découverts, ce qui pourrait s’avérer optimiste. Elle suppose 54 Gb à découvrir au Moyen-Orient et 33 Gb en Eurasie (principalement l’ancienne Union Soviétique), où se trouve le potentiel principal. Cela laissent environ 60 Gb à trouver ailleurs, à savoir une quantité équivalente à une autre Mer du Nord, la plus grande nouvelle région pétrolifère découverte depuis la deuxième guerre mondiale. Les estimations actuelles suggèrent qu’environ 20 Gb restent à découvrir en eau profonde, offrant une production maximale d’environ 7.5 Mb/j autour de 2015. (pour info, la consommation mondiale de pétrole en 2003 est de 80 Mb/j).

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Bien qu’il y ait abondance d’eaux profondes, seulement quelques secteurs, principalement dans les arrangements de plaques tectoniques divergentes, présentent la combinaison nécessaire de conditions géologiques.

ExxonMobil a confirmé de manière éloquente la gravité de la situation sur sa diapositive « Relever le Défi », prouvant que la production des champs existants diminue de 4-6% par année, ce qui donne un manque croissant à combler par de nouvelles découvertes si la demande prévue doit être satisfaite jusqu’en 2020. ExxonMobil titre correctement sa présentation « Relever les défis énergétiques mondiaux les plus difficiles », ce qui est peut-être une manière détournée de nous avertir que la demande croissante est peu susceptible d’être satisfaite même au cours des quinze années à venir, horizon de temps de la prévision. En l’absence d’un protocole international pour freiner la demande sur une base équitable et sensée, tel que devant être discuté lors de la réunion de l’ASPO à Lisbonne, le marché stoppera la demande par l’instrument brutal d’une récession mondiale si ce n’est d’une dépression. Les économistes de la terre plate seront les seuls à applaudir.

(Présentation Exxon fournie par Lou Powers)

Article extrait de la newsletter de février 2005 de l’ASPO (ASSOCIATION POUR L’ETUDE DU PIC DE PETROLE ET DE GAZ)