Conséquences de la société de l’automobile

Plus d’un mois après la première explosion et le naufrage de la plate-forme de pétrole DeepWater Horizon, les nappes de pétrole ont atteint désormais les côtes américaines et les photos de la catastrophe sont désormais nombreuses. Aucune solution technique définitive n’a encore été trouvée pour stopper la fuite de pétrole qui continue à un rythme sans doute beaucoup plus important que ce qui était annoncé au départ.

Selon Bobby Jindal, gouverneur de la Louisiane, plus de 100 kilomètres de la côte de la Louisiane ont été touchés par la marée noire. Mais les côtes du Mississippi, de l’Alabama, de la Floride et du Texas ont aussi été touchées.

Selon The Boston Globe, sur la base d’estimations basses, au moins 22 millions de litres de pétrole brut ont été vomis dans le golfe jusqu’à présent – bien que certains scientifiques pensent que le déversement de pétrole dépasse déjà les 41 millions de litres de l’Exxon Valdez au large de l’Alaska en 1989, catastrophe pétrolière connue comme la pire dans l’histoire des États-Unis.

En effet, pendant de nombreux jours, les responsables de BP ont parlé de 800.000 litres de pétrole déversés chaque jour. Aujourd’hui, on parle désormais de 2 à 3 millions de litres par jour. Selon le Monde, « Un panel d’experts mandaté par l’administration américaine a par ailleurs estimé jeudi qu’entre 2 et 3 millions de litres se sont écoulés chaque jour depuis le début de la marée noire. »

Certains scientifiques parlent même de 10 à 12 millions de litres par jour, sur la base d’une vidéo prise le 17 mai 2010 à 5.000 pieds de profondeur.

A ce jour, soit un mois et onze jours après l’explosion de la plate-forme pétrolière, aucune solution technique définitive n’a été trouvée par BP pour arrêter la fuite de pétrole. (voir la vidéo de la fuite en direct sur le site de BP)

Lire aussi :  Comment les riches détruisent le monde

La marée noire a débuté il y a 41 jours, ce qui permet d’estimer l’ensemble du pétrole déversé dans l’océan entre 30 millions et 492 millions de litres. (plus de 10 fois l’Exxon Valdez)

Pour le professeur Richard Steiner, spécialiste des catastrophes maritimes et en particulier de celle de l’Exxon Valdez, cette marée noire est le «Tchernobyl de l’industrie pétrolière» et devrait l’inciter à «arrêter l’exploitation pétrolière en mer».

L’industrie automobile n’est pas la seule consommatrice de pétrole, mais c’est une industrie qui repose du début à la fin sur le pétrole. Les transports dépendent en effet à 97 % des produits pétroliers. Selon l’Institut Français du Pétrole (IFP), la part des transports dans la demande finale de produits pétroliers devrait progresser de 50% en 2000 à 60% en 2030. On peut donc estimer que les transports représentent aujourd’hui un peu plus de 50% de la demande mondiale de pétrole, et les seuls transports routiers (automobile et camions) représentent au moins 40% de la demande mondiale de pétrole.

Par ailleurs, la seule fabrication d’une voiture requiert environ 6.700 litres de pétrole. (Source: Wikipédia) Comme on produit environ 70 millions de voitures par an à l’échelle mondiale, on peut estimer la consommation de pétrole pour la seule fabrication des voitures à environ 470 millions de litres de pétrole par an.

Ces photos représentent ainsi dans une large mesure les conséquences de la société de l’automobile.


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9 commentaires sur “Conséquences de la société de l’automobile

  1. Minou

    Extrait de l’article « Marée noire : les météorologues inquiets à l’approche de la saison des ouragans », trouvé sur le site Maxisciences :

    […]Et le scénario catastrophe ne s’arrête pas là. Les pires effets d’une telle tempête pourraient ne pas se faire ressentir tout de suite. Si le pétrole est poussé dans les marécages, des villes comme la Nouvelle-Orléans pourraient à l’avenir se retrouver beaucoup plus exposées aux tornades. Les étendues marécageuses de la région jouent en effet le rôle de ralentisseur naturel, minimisant l’impact des ouragans. Or, personne ne peut actuellement prédire quelle quantité de pétrole gagnera ces terres, et surtout si la végétation supportera la présence de cette matière toxique.

    Le météorologue Joe Bastardi nuance toutefois ces prévisions alarmistes, en précisant qu’un « ouragan pourrait faire du bon boulot, en diluant le pétrole et en le dispersant, réduisant sa présence à des concentrations beaucoup moins dommageables que celles rencontrées actuellement ».

    Les effets de la pollution seraient différents selon qu’elle est dispersée ou concentrée ? Et une fois de plus, je pose une question purement naïve : quelle est la différence entre la nocivité du pétrole qui sort d’un pot d’échappement, et celle du pétrole qui tartine les océans ?
    Je suis nul en physique, donc je ne sais pas quoi penser du fameux « rien ne se perd, tout se transforme…etc »…

  2. Gari

    @Minou :

    Je ne suis pas spécialiste non plus mais je me lance :

    – D’un point de vue « CO2 » il vaut mieux une marée noire qu’un gaz d’échappement : le C02 est dégagé lorsque le pétrole est brulé. Du pétrole qui se répand, c’est du pétrole qui n’est pas brulé, c’est du C02 qui reste stocké sous forme de pétrole.

    – D’un point de vue « polluants-qui-provoquent-le-cancer », les gaz d’échappement tuent à très petit feu tous les gens qui sont à proximité. Nous, quoi. Y’en a partout, des gaz d’échappement, donc ça tue à petit feu tout le monde. Enfin, à petit feu… Il me semble qu’il y a quand même 5000 morts en france à cause de la pollution automobile directe (asthme, etc.)

    – Toujours du même point de vue, le pétrole brut est carrément plus dangereux, mais très localisé (là où il est). Il détruit tout sur son passage. Bref, un « périmètre touché » moins grand mais une nocivité supérieure en la matière. Empiriquement, j’oserais supputer que « Volume x Nocivité = Constante ». Si on fait évoluer l’un, l’autre évolue dans l’autre sens. Attention : c’est une grosse approximation, juste pour donner une idée.
    (Mieux vaut se prendre 100 fois un caillou de 100 grammes qu’une fois un caillou de 10kg)

    D’un point de vue global, à l’échelle de la terre, donc, il vaut ptet mieux les marées noires en fait… Parce qu’au moins on brûle pas le pétrole.

    Ca me fait peur, ce que je dis !

  3. CarFree

    Ouais… le problème c’est qu’on a tout ça ensemble: en permanence du pétrole brûlé qui termine dans nos bronches et régulièrement une grosse marée noire qui pourrit tout sur son passage…
    Au passage, le petit nom du pétrole dans certains pays, c’est la « merde du diable »…

  4. Minou

    Oui, et puis il faut rajouter les saloperies chimiques que les avions ont saupoudré sur la nappe pour la « diluer ». Il faut encore ajouter la consommation monstrueuse de ces bateaux de milliers de tonnes qui s’affairent sur les lieux de l’enfer…
    Est-ce que les photos d’oiseaux mazoutés éduquent ? Encore une fois…trop peu, trop lentement. Les méchants, c’est que BP, et quand c’est pas BP, c’est Total…mais c’est jamais Monsieur-tout-le-monde-qui-va-au-boulot-pour-nourrir-sa-famille.
    Le pire, c’est que Monsieur BP lui-même a une « excuse » : « il donne du travail », cet homme si généreeux ! Ainsi le désastre n’est plus vraiment criminel, mais tragique. C’est la faute au « destin », à la fatalité, à pas-de-chance…

  5. Minou

    Gari,

    Merci au fait pour ta réponse. Mais autre chose m’interpelle, veuillez m’en excuser…
    Comme d’habitude donc, ce matin en longeant le Rhône, je vois un bateau de je ne sais combien de tonnes se mouvoir lentement grâce à son moteur diesel. Et là, le diesel ne va pas uniquement dans l’air, mais presque entièrement dans l’eau, le pot d’échappement étant dirigé vers l’eau. Une énorme fumée noire – qu’on sent à plusieurs centaines de mètres – remue l’eau avec violence. Merci les derniers cygnes ! Merci les poissons ! Merci l’âme humaine !

    Alors pourquoi cette indignation en choeur pour une marée noire ?

  6. URB

    « Alors pourquoi cette indignation en choeur pour une marée noire ? »

    Parce que déjà ça se voit beaucoup plus et surtout c’est médiatisé.

  7. Gari

    Je propose une autre réponse : « on s’indigne de voir tout ce bon pétrole perdu à jamais… Alors qu’il aurait pu servir dans nos zautos ! »

  8. Minou

    Oui, il y a de ça…en tout cas, c’est comique : il y a des plaques tout le long du Rhône interdisant de consommer le poisson de ce fleuve maudit (plein de diesel et autres), mais toujours aucune plaque interdisant de consommer un voyage de croisière…ça y est, la Terre est maintenant une maison de fous, partout…

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