La France de la bagnole

Nicolas Sarkozy l’avait promis en 2010 en déclarant au mondial de l’automobile: « L’automobile est l’enfant le plus prometteur du Grenelle de l’environnement. » Et il a tenu parole, le bilan de Sarkozy en matière automobile est exemplaire, rarement depuis Pompidou un président n’avait fait autant pour la bagnole.

Bonus automobile, prime à la casse, grenelle du pétrole, pluie de fric pour la voiture électrique, relance routière et autoroutière, prêts bonifiés aux constructeurs (qui te font un beau doigt d’honneur en retour en poursuivant tranquillement les suppressions d’emplois), homologation des voitures particulières sous le régime des véhicules utilitaires, exonérations de taxes pour l’industrie pétrolière, etc.

Et en plus Sarkozy conclut magistralement son quinquennat, sans ministre de l’écologie parce que « l’écologie, ça commence à bien faire« .

Nathalie Kosciusko-Morizet étant nommée porte-parole du candidat Sarkozy, il n’y a en effet plus de ministre de l’Ecologie en France. Ou plutôt, « son ministère étant rattaché au Premier ministre », j’ai l’honneur de vous annoncer, sans rire, que le nouveau ministre de l’écologie est François Fillon!

Entre « rien » et François Fillon, il aurait peut-être été préférable d’avoir… rien!

Pour mémoire, notre nouveau ministre de l’écologie avait été couronné « homme de l’année » par Le Journal de l’automobile en 2010. Lors de la remise du prix, François Fillon avait déclaré: « Derrière l’acharnement de certains contre l’automobile, il y a au fond le rêve d’une société qui, au prétexte des dangers réels qui menacent l’individu nient sa liberté ».

Car François Fillon est un homme politique qui fait valoir un attachement authentique à l’automobile. Que ce soit aux 24 heures du Mans (dans sa bourgade) ou autres trophées « classiques », Fillon ne rate pas une occasion de prendre le volant d’une voiture de course, si possible en combinaison d’homme-sandwich de l’industrie bagnolo-pétrolière.

Mais la France de Sarkozy, c’est aussi le motoministre Christian Estrosi  chargé de l’industrie et de l’épandage de voitures « propres » jusqu’en 2010. Le même qui accompagnait Fillon au Grand Prix de Monaco en 2009 pour que celui-ci fasse un « tour de circuit » avec son fils…

Rarement dans l’Histoire on n’aura eu une équipe gouvernementale aussi soudée pour maintenir coûte que coûte une industrie automobile moribonde. Sous le prétexte fallacieux de maintenir l’emploi en France, l’Etat a maintenu sous perfusion le secteur automobile. Résultat: des milliards d’argent public dilapidés et toujours moins de voitures produites en France…

Lire aussi :  La voiture individuelle : une amélioration de la qualité de vie?

La fin prochaine du pétrole? Le réchauffement climatique? La pollution généralisée? Sans doute des délires d’écolos « ennemis de la liberté individuelle », bref des bolchéviques!

Car notre Sarkomobile national avait trouvé, lui, la solution pour sauver le climat… Rappelons-nous le Sommet de Copenhague en 2009: la proposition française pour sauver le climat consistait à « développer l’industrie automobile« !

Au-delà du ridicule (mondial), ce nouveau concept a débouché quand même sur la pluie de subventions publiques à la voiture électrique… Et comme la droite est cohérente, on développera notre industrie nucléaire jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à notre Fukushima.

Une ombre au tableau (de bord)

Le problème, c’est que Sarkozy a échoué sur un seul point pour parvenir à la France de la bagnole (qui durera 1000 ans…): on n’a toujours pas notre Grand Prix de France de Formule 1!

C’est bêta, avoir tant fait pour la bagnole et terminer le quinquennat sans cette cerise, qui plus est avec l’autodidacte Fillon comme ministre de l’écologie!

Pas de problème, aux dernières nouvelles, l’affaire serait actuellement rondement menée par notre ministre des sports David Douillet (car il paraît que la Formule 1 est un sport!).

«La France est une terre de Grand Prix», rappelle ainsi David Douillet, plus d’un mois après que le cabinet du Premier Ministre François Fillon ait indiqué à l’AFP, le 9 janvier, que le projet était «en bonne voie» et que Matignon était en train de «finaliser la faisabilité technique et le financement du projet».

Il manque juste « 2 ou 3 millions d’euros » pour boucler le budget et on l’aura notre Grand Prix de France de Formule 1, a priori sur le circuit Paul Ricard au Castellet, près de Toulon (Var)…

Véolia pourrait peut-être faire un petit geste vu que l’Union pour la Majorité Pétrolière lui a fait don de notre Jean-Louis Borloo national…

Si tout va bien, l’affaire sera réglée avant l’élection présidentielle et Sarkozy aura fait carton plein en matière de bagnole.

La France de la bagnole, vous l’aimez ou vous la quittez…

Sinon, il y a toujours une autre solution

5 commentaires sur “La France de la bagnole

  1. Nico

    @ l’auteur:
     » j’ai l’honneur de vous annoncer, sans rire, que le nouveau ministre de l’écologie est François Fillon! »

    HAHAHA! Vraiment très marrant ce passage, et votre article est super dans l’ensemble, une vraie satyre de la « beaufitude », merci!

  2. FRANCE

    Sans parler davantage des courses automobiles et des quads qui ne concernent qu’une infime partie de la population, je me demande quand la classe moyenne, la plus nombreuse, donc celle qui pollue le plus et qui réchauffe le plus, cessera de se sentir déshonorée d’aller faire ses courses au supermarché en bus avec un caddie à roulettes, ou encore de se déplacer en vélo, à pied ou en bus pour ses activités journalières, ou encore de partir en vacances en TGV ou en TER. J’ai autour de moi des familles de cette sorte, bien méritantes et courageuses mais incomprises,car aujourd’hui plus que jamais, pour la grande majorité des familles des classes moyennes, la voiture demeure l’incontournable symbole de la réussite sociale : il ne faut pas se cacher la réalité. Il s’agirait donc plutôt de remettre en cause un système de valeurs qui semble pour l’instant bien indéracinable.

  3. JiBOM

    En effet, FRANCE, vous avez mis le doigt sur une notion très importante. Beaucoup justifient l’utilisation de la voiture sur un plan pratique :
    – le coffre pour les courses,
    – la place et la sécurité pour les enfants,
    – les distances trop longues pour être parcourues à pied ou à vélo (les temps de parcours ne doivent sûrement pas convenir à des gens pressés !),
    – la météo (tous les jours, il pleut ou il fait froid ou les 2 à la fois).
    – la convenance (l’effort physique est une horreur qui essouffle, décoiffe et, pire que tout, fait transpirer).

    Pourtant, parmi ces gens-là, il y en a toujours qui ont les moyens de faire autrement sans grandes difficultés (présence de transports en commun, proximité réelle des commodités habituelles, etc.) et d’autres qui se sont isolés sans réfléchir un seul instant à la possibilité d’une solution de secours en cas d’avarie automobile ponctuelle ou durable. En y réfléchissant bien, ceci est majoritairement motivé par l’idée que l’on réussit sa vie à condition de répondre à certains critères extrêmement persuasifs pour soi et pour les autres : la grande maison avec jardin privatif, la belle voiture suréquipée, etc.

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