Highway to hell

En pleine lutte supposée contre le réchauffement, les chantiers (auto)routiers continuent d’être légion. Tout – les considérations environnementales, mais aussi logistiques – pointe vers l’irrationnalité de tels projets. Comment expliquer cette frénésie automobile faisant consensus à droite et au-delà?

C’est une coïncidence qui, peut-être, n’en est pas tout à fait une, entre deux événements survenus presque simultanément en France et en Suisse. Les 22 et 23 avril 2022, plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre la construction d’un tronçon autoroutier de 53 kilomètres entre Toulouse et Castres. Cette future A69 réunit toutes les caractéristiques d’un projet aussi absurde que néfaste: gain de temps dérisoire, coût du trajet, artificialisation de plus 400 hectares dont 316 de surfaces agricoles… L’association La Voie est libre rappelle, en plus, l’existence d’un projet alternatif: le réaménagement de la RN126 suffirait aux moins de 8000 véhicules quotidiens.

Trois semaines plus tard, à quelques centaines de kilomètres, sous la coupole de l’Assemblée fédérale suisse, un député UDC (Union démocratique du centre – droite nationaliste) déposait un projet (une «motion») en faveur de l’élargissement à au moins six voies de l’A1. Longue de 410 kilomètres, cette autoroute relie Genève à Saint-Gall via Lausanne, Berne et Zurich, un axe réunissant l’essentiel de la population et de l’activité économique du pays. La proposition du député Eric Hess et de la trentaine de collègues cosignataires a rencontré un accueil favorable dans les rangs de la droite et, surtout, auprès du ministre en charge de l’aménagement, Albert Rösti (lui aussi issu de l’UDC).

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En attendant de discuter plus avant de ce nouveau projet, la chambre haute du parlement suisse, à majorité de droite, a d’ores et déjà validé, le 30 mai, un budget de 12 milliards de francs (environ 12,3 milliards d’euros) pour les routes helvétiques. D’ici 2030, 4 milliards financeront des projets d’élargissement et de nouveaux tronçons, 8 iront à des travaux d’entretien. Décidément, la bagnole a bonne presse.

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