Viens chez moi, j’habite sur l’échangeur

Après avoir proposé récemment un « Montréal sans voitures« , le dessinateur Victor Locuratolo s’est intéressé à la reconversion des échangeurs autoroutiers dans une perspective post-pétrole.

Et derrière le problème de la reconversion des échangeurs autoroutiers, c’est la question de l’ensemble des espaces périurbains dépendants de l’automobile qui est posée. Nous nous étions déjà posé la question de l’avenir des lotissements périurbains dans un contexte de crises énergétiques et environnementales croissantes. Si certains prévoient déjà que les lotissements pavillonnaires seront les bidonvilles du futur, d’autres élaborent des kits de réparation de l’étalement urbain.

Également, l’avenir des échangeurs autoroutiers a déjà été questionné par des architectes New-Yorkais qui proposaient la création d’un Institut du Design en lieu et place d’un échangeur autoroutier situé à Hong-Kong. C’était un bel hommage à ces échangeurs autoroutiers qui apparaissent de plus en plus comme des délires d’ingénieurs psychopathes obsédés par les spaghetti.

Mais ce projet restait tout à fait limité et ne débouchait pas sur une remise en question globale d’un système périurbain obsolète, avec ses lotissements pavillonnaires tous identiques, ses centres commerciaux monstrueux et ses rocades autoroutières tentaculaires.

Dans la situation actuelle, Victor Locuratolo montre bien la sainte trinité du banlieusard aliéné: dormir (dans son pavillon standardisé), (sur)consommer (dans son centre commercial moche) et se déplacer (sur son autoroute polluante et congestionnée), afin d’accomplir l’essence même de sa vie sur Terre, à savoir travailler, pour pouvoir payer sa voiture qui lui permettra de continuer à travailler… Dans le détail, on distingue une direction à suivre sur l’autoroute, « Trifouy les oies », et on peut même reconnaître deux grandes enseignes commerçantes bien connues de l’automobiliste suburbain: « Pipi » et « Kaka ».

Dans le projet de reconversion de l’échangeur, il n’y a plus du tout de voitures, mais des transports en commun, tramway ou trains. Le cœur de l’échangeur devient logiquement une gare de voyageurs permettant les correspondances entre les deux grandes directions formées par les voies ferrées remplaçant désormais les autoroutes. Les lotissements pavillonnaires ont disparu, remplacés par des champs de cultures et des fermes agricoles.

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L’habitat densifié vient se lover dans les boucles de l’échangeur, incorporant espaces verts et points d’eau. On peut relever également la création de gradins dans l’une des boucles de l’échangeur, ce qui permet d’envisager le développement d’activités culturelles au sein de l’échangeur. Les centres commerciaux « Pipi » et « Kaka » ont disparu, utilement remplacés par des petits commerces de proximité au cœur de la structure.

On est passé d’une ville éclatée, qu’on appelle généralement « l’urbain » en opposition à la ville traditionnelle, à une ville recentrée qui relèverait de ce que l’on appelle parfois le Nouvel urbanisme.

Quand on voit un tel projet, on ne se demande pas en fait s’il est ou non réalisable ou utopique, on se demande pourquoi nos sociétés n’ont pas développé un tel modèle urbain au lieu de se lancer à corps perdu dans l’étalement urbain consommateur d’espaces, producteur de laideur et moteur d’automobilité.

Même s’il ne s’agit que d’une « vue d’artiste », elle regroupe l’ensemble des bénéfices attendus d’un modèle urbain soutenable qui prend le contre-pied du modèle insoutenable dans lequel nous vivons. Et ces bénéfices peuvent être nommés: proximité, densité, faible impact, mixité, relocalisation, autoproduction, beauté, santé, transport collectif, modes de déplacement autogènes (marche et vélo), etc.

Source: http://sansdessein.canalblog.com/

4 commentaires sur “Viens chez moi, j’habite sur l’échangeur

  1. Chibibo

    Ce plan est bien beau, et j’aprécie cette initiative de ne pas juste proposer, mais de dessiner les plans. Le seul hic: sur la première image, on peut voir bien des maisons disposées en mode périurbain. Sur la deuxième, des champs à la place. Où iront tous les matériaux utilisés pour contruire jadis ces maisons sachant qu’ils sont souvent inutilisables après la destruction? De plus, les terres utilisées pour construire ces maisons sont souvent démolites et rendu impropre à la culture. Même la terre utilisée pour y faire pousser l’horrible pelouse n’est pas bonne pour la culture. Comment convaincre le monde qu’il faut détruire leur maison pour attendre une centaine d’année que les terres redeviennent cultivables?

  2. tichit

    Alors quoi? il ne faut donc rien faire et attendre que ça empire?
    les problèmes que vous évoquez ont tous leur solution, renseignez vous…

  3. Chibibo

    Je ne dis pas qu’il faut attendre et ne rien faire. Je veux plutôt dire qu’il va falloir trouver le plus vite possible les arguments nescéssaires pour convaincre monsieur madame tout le monde de le faire. Nous, étant déjà convaincu de l’utilité de ses changement, n’avons pas besoin de ces arguments. Un projet ne peut pas avancer tant, et je dis bien tant, que la population en générale ne l’a pas accepté. Ce ne sera pas une tâche facile.

    P.S: Croyez moi Tichit, j’ai bel et bien fait des recherches sur toutes les solutions possibles. Je ne fesais que soulever l’obstacle à lequel il nous faudra faire face.

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