Encore un raz-de-marée de désinformation en provenance d’une incommensurable catastrophe industrielle. Un flux vertigineux d’images sur un désastre inimaginable survenu dans un pays phare du capitalisme, « modèle mondial » « irréprochable » du nucléaire avec la France.
Beaucoup d’images d’un désastre historique… mais toujours la même censure de l’histoire réelle, la nature intrinsèquement dévastatrice de la civilisation industrielle.
Les peuples de l’archipel du soleil levant n’ont eu aucun répit au cours du dernier siècle. Et commence le nouveau millénaire par une immense déflagration nucléaire…
Sans transition et avec une fulgurante efficacité, le militarisme fanatique que l’on croyait vaincu s’est intégralement reconverti dans le civil en un capitalisme scientifique et triomphant surpassant en un temps record le Fordisme dans sa certitude totalitaire du début du 20e siècle. La relève était assurée, pour le bonheur du peuple travailleur producteur de voitures, en fin de 20e siècle, le Toyotisme sublimait le Fordisme, un parcours irréprochable du point de vue du productivisme.
Les centaines de milliers de victimes anonymes de cette « success-story » érigée en modèle économique, ont été recrutées, comme en Chine aujourd’hui, dans le monde rural. Une histoire atroce, débutée comme partout dans le monde avec la montée du totalitarisme productiviste et totalement oubliée aujourd’hui… Mais cette aventure dévastatrice est intimement liée à la notion montante depuis les années 1930 « d’autonomie énergétique ».
Malgré Hiroshima et Nagasaki, le militarisme nippon triomphait dans l’après-guerre sous les masques civils des politiques « d’indépendance énergétique » pour le « redémarrage », « la reconstruction » et le « développement économique ». « La course aux énergies » (1) imposait dans ce pays comme en France l’aventure nucléaire. Une « success-story » et un « modèle » d’efficacité économique, jusqu’à la catastrophe… Et voici la déflagration historique du nucléaire civil, les réacteurs explosent comme des bombes, un Nagasaki après Hiroshima au même endroit…Le même drame se prépare activement en France…
Les réfugiés nucléaires d’aujourd’hui…
Les images de la région de Fukushima révèlent une catastrophe qui surpasse en surface dévastée celle atomique d’Hiroshima. Des réacteurs nucléaires explosent comme des bombes en direct devant tout le monde. Les secours sont dépassés, ostensiblement dérisoires et désespérés devant la nouveauté de la catastrophe et les experts déconnectés de monde tentent encore de conserver un peu de crédibilité pour garder le monopole de la désinformation. Depuis le début, en effet, les autorités nucléaires « compétentes » n’ont pu faire que réviser à la hausse le niveau des accidents et le « niveau 7 » de « Tchernobyl » est déjà atteint.
Mais même l’information objective reste largement en deçà de la réalité, car on n’est pas en ex-URSS ou au Pakistan « bourré de talibans », ni le soviétisme des centrales, ni l’archaïsme bureaucratique, ni même le terrorisme ou le fanatisme ne peuvent être retenus coupables de la catastrophe pour innocenter et sauver, le nucléaire, comme cela s’est fait pour Tchernobyl…
Puisque l’accident improbable s’est produit dans au moins une centrale, la démonstration est faite ; plus aucune centrale dans ce pays ne peut être considérée comme sûre, étant donnée la permanence de la tectonique des plaques et la fréquence de ses manifestations paroxystiques. Le complexe militaro-industriel condamne définitivement la population japonaise au statut permanent de réfugié nucléaire.
Un simple phénomène naturel est en cause : la tectonique des plaques avec ses manifestations paroxystiques a frappé à la tête le pays réputé et érigé en « modèle mondial » pour ses constructions « parasismiques ».
Trop de centrales nucléaires ont été construites dans un mouchoir de poche, un territoire a été massivement miné par le feu nucléaire, le complexe militaro-industriel avec une population captive de plus de 100 millions d’individus vient d’atteindre le sommet de sa gloire…
Dans ce pays phare du capitalisme mondial, les réfugiés nucléaires précèdent dès aujourd’hui les futurs réfugiés climatiques en provenance des pays déshérités de la planète.
La démonstration est faite, le nucléaire ne sauvera plus la planète du réchauffement climatique, dans une apothéose de feu nucléaire, le mythe technocratique vient de montrer au monde ses limites.
L’interminable «Bérézina » Finlandaise de l’EPR d’Aréva, avec son amoncèlement d’inconséquences technico-financières devient un épiphénomène de la paranoïa nucléaire française, définitivement surpassée par la catastrophe nucléaire japonaise.
Frappé à la tête, dans un pays phare, le socle idéologique de la tour de Babel nucléaire vient d’être ébranlé.
De toute évidence, au vu des images, la dépendance totale du nucléaire envers le pétrole, ne serait-ce que pour la simple mise en scène symbolique d’un semblant de gestion d’un accident, annihile de fait sa prétention à pouvoir sauver la planète du réchauffement climatique. Dès aujourd’hui il est possible de dire que si la pègre nucléaire s’enferme dans son délire de sauver la planète, les réfugiés nucléaires des pays riches précéderont désormais les réfugiés climatiques des pays pauvres.
La baleine, la bagnole et le nucléaire…
Voilà le problème, de trop belles réussites industrielles toutes liées entre elles, comme dans une réaction en chaîne.…
En tant que fins gourmets, « les Japonais » aiment le thon rouge et les baleines… « Le Marché » le sait et c’est ainsi que l’histoire d’un désastre nucléaire peut être racontée. Car il a commencé, avant même que le tremblement de terre ne survienne. « Voiture verte » contre thon rouge, gadgets high-tech contre baleine, le nucléaire nippon est à la base des transactions.
Pour comble de malchance, il se trouve aussi que les chercheurs scientifiques Japonais, comme les traders faisant « Le Marché », veulent aussi pouvoir chasser les baleines, parce que, eux, ils aiment la connaissance des cétacés et veulent faire « avancer la science »…
Le tremblement de terre est terminé et le tsunami laisse derrière lui un large territoire dévasté avec ses victimes certainement par dizaines de milliers, mais les problèmes ne font que commencer. Un Nagasaki se profile derrière Hiroshima car l’histoire du désastre nucléaire a débuté dès l’immédiat après-guerre avec la victoire du militarisme nippon massivement reconverti dans l’aventure industrielle.
Des centrales nucléaires en nombre impensable étaient concentrées sur les lieux du drame. Avec une telle densité de chercheurs scientifiques dans tous les domaines, capables d’inonder le monde de mille et une merveille de l’innovation technologique, il est impossible de croire que les japonais ignoraient la dangerosité de construire des centrales nucléaires en zone sismique. Seul leur désir insatiable de baleines associé à l’extrême efficacité productive de leur savoir scientifique, peut expliquer l’aveuglement devant l’évidence et ne leur a pas laissé d’autre choix que l’aventure nucléaire. Briller dans les industries de l’armement de la voiture verte et des gadgets high-tech permet de dévorer le monde : s’accaparer les terres d’Afrique pour produire des « biocarburants » et pourchasser sur toutes les mers du monde le peuple des baleines.
A travers le monde pourtant, beaucoup de gens disaient qu’il fallait protéger les baleines et arrêter la pêche dévastatrice du thon rouge, beaucoup de gens disaient aussi que le nucléaire était une aventure criminelle et hautement dangereuse. Mais ils n’étaient pas entendus.
Pour pouvoir être sourd à la fois au discours anti-nucléaire et encore plus sourd dingue à celui pour la sauvegarde des baleines, il faut être une grande puissance industrielle capable d’inonder le monde de bagnoles et de mille autres innovations et merveilles technologiques.
Des centrales nucléaires en grand nombre pour inonder le monde de bagnoles, conquérir avec la « voiture verte » l’ensemble des territoires automobile, assurer en permanence un raz-de-marée des gadgets high-tech, car pour étudier et dévorer toutes les baleines du monde il faut beaucoup d’énergie pour se complaire dans les certitudes militaro-industrielles…
L’apocalypse nucléaire vient de commencer…
Le drame du Japon moderne est exactement le même que celui du peuple des baleines, il ne découvrira la dangerosité intrinsèque et l’entreprise criminelle du nucléaire que le jour où il comprendra la nécessité de faire cesser la chasse à la baleine. En attendant, pour comprendre que la « voiture verte » n’est pas faite pour « sauver la planète », il lui faut s’émanciper de la chape militaro-industrielle qui l’a vaincu en 1945.
L’apocalypse nucléaire vient de commencer au Japon, à cause justement du raz-de-marée des gadgets « high-tech » et des « voitures vertes » pour inonder la planète. La propagande officielle nous la faisait craindre au Pakistan « bourré de talibans » ou en Corée du Nord avec son fou furieux, mais c’est bien à la tête du complexe militaro-industriel qu’elle a frappé, preuve supplémentaire de la dangerosité du nucléaire.
Elle survient donc dans un pays phare du capitalisme mondial « bourré de scientifiques » hautement compétents, à la fois pour bien connaître la criminalité du nucléaire ou pour faire avancer la connaissance mortifère sur les baleines.
Tours le 16 mars 2011
JMS
(1) « La Course aux Énergies » Jean Marc Sérékian Ed. Libertaires 2011
Avez vous des infos sur les conditions de vie la bas ? Alimentation en eau et vivres, protection du froid des dizaines de milliers de personnes sinistrées ?
@ velotafeur.
Ce blog est tenu par un boulanger français installé à Tokyo qui décrit sans effet de sensationnalisme son quotidien. Ce qu’il fait, ce qu’il voit, ce qu’il ressent. La banalité dans la catastrophe a sans doute du sens : http://www.ici-japon.com/
@ STEFANOPOULOS
Merci pour le lien.
Affolant.