Lorsque l’on est dépendant de la voiture et que le seul modèle de ville que l’on connaît est le modèle automobile occidental où l’automobile est la reine et les autres modes de déplacement reçoivent les miettes, il est facile de se convaincre que toute miette supplémentaire pour les autres est une ingérence de la mairie ou de l’État dans sa liberté de choix.
Mais la grande « ingérence » remonte à loin; elle s’est produite lorsque vous avez choisi que la ville appartenait à la voiture et que les restes étaient pour les autres. Il n’y a aucune raison divine pour que les villes soient ainsi.
Fondamentalement, il est impossible que l’État n’intervienne pas, tout comme il est impossible que 90 % de la rue pour la voiture + 90 % pour le bus + 90 % pour le piéton + 90 % pour le vélo donnent 100 %. Ceux qui ne veulent pas comprendre cela ne sont pas des démocrates, mais purement et simplement des égocentriques.
Aujourd’hui, le gouvernement prétend faire « une pause » en matière écologique, car c’est bien connu, la pollution a disparu et le réchauffement climatique est terminé. Bizarrement, on ne fait pas de « pause » en matière de construction d’autoroutes. Sûrement parce que désormais le climat se refroidit tellement qu’il faut construire des autoroutes pour le réchauffer un peu…
Mais ne soyons pas mauvais joueurs, car ce gouvernement promet désormais une pluie d’argent public sur le vélo entre deux subventions massives au carburant automobile… Après le Plan Béchu de 250 millions d’euros pour 2023, Elisabeth Borne annonce désormais un investissement de 2 milliards d’euros d’ici à 2027.
Dans le détail, on nous promet donc 250 millions d’euros par an rien que pour les aménagements cyclables, le reste allant au forfait mobilité, à divers aménagements dont le stationnement ou à de la formation au vélo pour les enfants.
Tant mieux si on investit massivement dans des aménagements cyclables, sous réserve qu’ils soient de qualité, séparés physiquement des voitures, avec des itinéraires cohérents et sans détours invraisemblables. On le voit, le problème est ici moins l’argent que la culture voiture.
On peut en effet investir des milliards dans le vélo, mais il va falloir s’attaquer au nerf de la guerre, à savoir l’espace. En ville, il n’est pas extensible à l’infini et construire des aménagements cyclables sécurisés pour les vélos va désormais nécessiter de prendre l’espace à d’autres modes… au hasard, la voiture?
Il est temps de mettre fin aux privilèges de l’automobile.
Image: Estampe de la séance du 4 août 1789 par Charles Monnet, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.
Ce plan vélo est une bonne chose mais les montants sont insuffisants et surtout ridicules comparés aux montants dépensés en 2022 pour les aides aux carburants:
– 2 milliards d’euros pour la ristourne de 15 cts par litre du 1avril au 31 juillet
– 1,7 milliards pour les 30cts du 1septembre au 1 novembre et les 10 cts du 1 novembre au 31 décembre.
Les 2 milliards d’euros d’ici 2027 seront bien insuffisant pour rééquilibrer l’espace public au profit des modes actifs.
Sans action forte des habitants, la transformation de la ville attendra