Combien de cigarettes fumez-vous en respirant l’air en ville?

Pour de nombreuses personnes, comparer la pollution atmosphérique au tabagisme est plus frappant et significatif que de citer le nombre de décès annuels. Deux chercheurs, Richard A. Muller et Elizabeth A. Muller ont calculé la valeur approximative de la conversion entre pollution de l’air et consommation de cigarettes, de sorte que les gens puissent penser à la pollution de l’air en termes d’équivalent cigarettes. Le seul but de ce calcul est d’aider les gens à comprendre les effets de la pollution de l’air sur la santé.

En résumé, les deux chercheurs ont pu constater que la pollution de l’air peut être comparée à une consommation de cigarettes de la manière suivante:

Pollution de l’air en équivalent cigarettes par jour
États-Unis, moyenne 0,4
Union Européenne, moyenne 1,6
Chine, moyenne 2,4
Pékin, moyenne 4,0
Handan, moyenne 5,5
Pékin, mauvais jour 25,0
Harbin, très mauvaise journée 45.0
Shenyang, le pire enregistré 63,0

Calcul

Les calculs détaillés des deux chercheurs sont disponibles en anglais ici, mais voici la règle générale : une cigarette par jour est l’équivalent approximatif d’un niveau de PM2.5 de 22 μg/m3. Doublez ce niveau, et c’est l’équivalent de 2 cigarettes par jour. Bien sûr, contrairement à la cigarette, la pollution touche tous les groupes d’âge.

En estimant que la pollution atmosphérique moyenne aux États-Unis en 2013 était de 9,0 μg/m3, cela équivaut donc à 0,41 cigarette par jour pour chaque personne aux États-Unis.

Avec ce mode de calcul, on peut donc voir certaines villes chinoises, comme Harbin ou Shenyang, où les mauvais jours respirer l’air en ville revient à fumer 45 ou même 63 cigarettes dans la journée!

En France, le site Slate a fait le calcul pour quelques villes françaises un jour « normal », à savoir le jeudi 26 avril 2018. Ce jour-là, les Franciliens du côté de la place de l’Opéra ont fumé 1,6 cigarette dans la journée. Ceux à Saint-Denis 2,3. Les plus gros fumeurs français passifs ont été ce jour-là les Montpelliérains, avec 7 cigarettes dans la journée, suivis des Roubaisiens, avec 5 cigarettes. Lyon et Marseille étaient à 1,5, Toulouse à 1,7. Colmar et Montbéliard sont parmi les villes les plus épargnées, avec «seulement» l’équivalent d’un petit mégot, soit 0,4 cigarette.

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Il s’agit ici de moyennes qui touchent tous les groupes d’âge. Ce qui veut dire que ce jeudi 28 avril 2018, les enfants de Montpellier ont fumé chacun l’équivalent de 7 cigarettes dans la journée…

Si vous êtes fumeur, vous n’avez qu’à ajouter ces chiffres à votre consommation habituelle.

Cela peut sembler mauvais, mais c’est peut-être pire encore. L’Agence américaine de protection de l’environnement estime ainsi que pour chaque décès dû au tabagisme, il y a 30 autres personnes qui souffrent d’un tabagisme important.

Conclusion

La pollution atmosphérique tue chaque année plus de personnes dans le monde que le sida, le paludisme, le diabète ou la tuberculose. Pour les États-Unis et l’Europe, la pollution atmosphérique a des effets nocifs sur la santé équivalents à ceux du tabagisme, soit de 0,4 à 1,6 cigarette par jour. En Chine, les chiffres sont bien pires; les mauvais jours, les effets de la pollution de l’air sur la santé sont comparables aux dommages causés par le fait de fumer trois paquets par jour (60 cigarettes) par chaque homme, femme et enfant. La pollution de l’air est sans doute la plus grande catastrophe environnementale au monde aujourd’hui.

7 commentaires sur “Combien de cigarettes fumez-vous en respirant l’air en ville?

  1. Adrien L.

    « Gnouaiiis mais la ouature gn’est la liberté… »
    Parole de n’importe quel veau motorisé, sans distinction de sexe, d’age, ou de CSP.
    Triste monde promis à une triste fin.

  2. pedibus

    si on rajoute les équivalents de plaques de margarine goinfrés par  les culs-engoncés-dans-mon-siège-de-bagnole, avec l’inactivité physique, ça va faire lourd le bilan à mettre au passif du culte de Ste-Gnognole…

  3. Pierre Virlogeux

    Le pire c’est certainement de fumer en bagnole coincé dans un embouteillage derrière une VW diesel au logiciel truqué dans une ville chinoise un jour sans vent !!! ça fait combien de paquets tout ça ?

  4. Adrien L.

    Le plus amusant est sans conteste la bagnole autonome, qui est présentée comme la solution de mobilité ultime pour les handicapés. Dont font notoirement partie les victimes d’AVC. Or donc, l’AVC a pour cause principale la sédentarité, qui elle-même est une constante chez nombre de veaux motorisés…

    Donc bouclage de la boucle : je roule en ouature parce gn’est ma liberté, je ne bouge pas mon cul qui comme ma panse tend à prendre de l’ampleur au fil des années d’inactivité, je finis avec un AVC, mais miracle techniciste, la bagnole autonome me permet quand même de continuer à bagnoler. Et tant pis si elle est criminelle par essence (sic), quand bien même elle sera électrique (et donc charbonneuse ou nucléaire).

  5. Vince

    La pollution en Chine n’est pas due qu’à l’automobile, elle est due aux innombrables usines de production que nous avons « exportées » chez eux..

    Bien sûr cela fait de la peine de voir d’interminables bouchons là où on voyait  il n’y a pas si longtemps des marées de salariés à vélo.

    Mais en important massivement des produits chinois moins chers car produits dans des usines polluantes nous nous rendons complices du désastre pour la santé de nos congénères de l’empire du Milieu.

    Quand les Chinois diront stop on ira polluer en Afrique vous verrez.

     

  6. pedibus

    Effectivement Vince, il faudrait tempérer le dogmatisme ricardien des décideurs économiques mondiaux, en réinternalisant l’effet environnemental désastreux de la délocalisation de la production industrielle :

    essentiellement par une taxe conséquente sur les produits finis – même si les Ricains et les Chinois ne veulent pas en entendre parler – à percevoir sur le consommateur final, que des instances comme l’OMC (méme si Trump-la-petite-mort simule la volonté d’en sortir) se chargeraient de collecter et de reverser aux « nouveaux » pays industrialisés, autant pour qu’ils puissent se payer les techniques ad hoc nécessaires pour la  décarbonation  et la sécurisation des processus industriels, que pour rendre moins évident l’avantage comparatif des « ateliers du monde »,  poubellisés par ces concepts économiques du début du XIXe siècle, désormais rendus complétement désuets par la globalisation de l’anthropocéne…

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