La voiture électrique socialiste

Un proverbe dit en substance: « les gens de droite font une politique de droite tout en l’assumant alors que les gens de gauche font une politique de droite sans le dire. » En matière de voiture électrique, on atteint désormais le summum du n’importe quoi.

Rappelez-vous 2007 et les centaines de millions d’euros donnés par Sarkozy aux constructeurs pour développer la voiture électrique. Sept ans plus tard, la voiture électrique est toujours au point mort, il s’en vend toujours aussi peu, voire même de moins en moins.

Aux dernières nouvelles, la voiture électrique représente moins de 1% du marché de la voiture neuve (0,63% selon le Figaro). Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir massivement subventionné la filière à l’aide de fonds publics. C’est bien simple, les sommes en jeu sont tellement importantes, diverses et variées qu’il est tout simplement impossible de savoir exactement quelle est la part de l’argent public mis dans la voiture électrique.

Tout ça pour arriver à un minable 0,63% de part de marché sept ans après le lancement en fanfare du projet qui devait faire de la France une filière d’excellence de la voiture électrique dans le monde. Et c’est loin d’être fini, car après sept années de perfusion d’argent public, on se rend compte qu’il reste encore à développer une « infrastructure publique de recharge sur la voie publique ». A 10.000 euros en moyenne la borne de recharge, en écoutant les politiques qui nous promettent des centaines de milliers de bornes dans toute la France, on peut se faire une idée assez claire des sommes monstrueuses d’argent public qui vont encore se déverser dans la filière de la voiture électrique.

Par ailleurs, on parle désormais de subventionner à hauteur de 10.000 euro chaque voiture électrique. L’escalade est tellement importante que l’on ne se rend même plus compte des sommes en jeu. 10.000 euros, c’est à peu de chose près le prix d’une petite voiture neuve normale…

Mais venons-en au fait: nous avons donc un gouvernement « socialiste » qui utilise l’argent public pour subventionner à hauteur de 10.000 euros chaque voiture électrique. Or, qui sont vraiment les acheteurs de voitures électriques? Difficile de le savoir en France mais une étude américaine nous fournit des premiers éléments de réponse.

Apparemment, les acheteurs de voitures électriques ne sont pas vraiment des écologistes chevelus et militants, des ingénieurs férus d’efficacité énergétique ou des automobilistes trop fauchés pour remplir leur réservoir d’essence. En fait, sans véritable surprise, les acheteurs de voitures électriques sont plutôt des gens aisés, genre CSP++, cadres supérieurs, professions libérales ou chefs d’entreprises.

Donc, le pouvoir « socialiste » donne environ 10.000 euros à tous ces gens dans le besoin pour qu’ils puissent s’acheter la voiture électrique de leurs rêves. C’est la conception « socialiste » de la redistribution de l’argent public. On utilise l’argent des impôts payés par les smicards et les classes moyennes pour financer l’achat des voitures électriques par les bourgeois.

Et si certains ont l’outrecuidance de réclamer par exemple des aménagements cyclables, une meilleure offre de transports publics, voire même la gratuité des transports en commun, on les traite immédiatement de bolchéviques!

Lire aussi :  Nicolas Hulot lance son projet pour la planète

Par contre, donner de l’argent public aux classes supérieures pour acheter des voitures électriques qui polluent autant que des voitures normales mais qui font « écolo-tendance », là c’est normal, c’est « moderne » et « innovant ».

Avec la voiture électrique, les riches peuvent désormais délocaliser la pollution, qui sera moins dans le centre des villes où ils vivent et plus en périphérie vers les centrales pourries où les pauvres vivent. C’est aussi cela la « redistribution de la pollution » selon les socialistes électriques.

On marche sur la tête, comme la loi de transition énergétique l’a montré récemment. Cette loi réussit le tour de force de ne quasiment rien proposer pour les transports en commun, alors que les RER nécessitent plus que jamais des investissements et que les lignes ferroviaires en province sont de plus en plus laissées à l’abandon.

En fait, la loi de transition énergétique apparaît surtout comme la loi de la voiture électrique! C’est sans doute la marque personnelle de la ministre « électrique » Ségolène Royal, qui veut électrifier la voiture depuis plus de 20 ans…

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Image assez incroyable, en 1992, Ségolène Royal, ici avec Dominique Strauss-Kahn, négocie un accord entre le gouvernement Bérégovoy, EDF et des constructeurs automobiles pour promouvoir le véhicule électrique.

Il faut dire que Ségolène Royal a déjà un lourd passif en matière de voiture électrique. En tant que présidente de la région Poitou-Charentes, elle a englouti plusieurs millions d’euros d’argent public dans plusieurs projets de voiture électrique qui se sont tous terminés en liquidation judiciaire (Heuliez avec la Mia et plus récemment Eco & mobilité avec SimplyCity).

Rien que sur le projet de la Mia d’Heuliez, il y aurait de quoi écrire un roman. La région Poitou-Charentes a non seulement plusieurs fois mis la main à la poche, pour des sommes qui se chiffrent en millions d’euros, mais Ségolène Royal avait usé de toute son influence pour que l’Etat participe également à ce naufrage, avec une subvention publique de 10 millions d’euros en 2009.

Résultat de tout cela, en 2012, la meilleure année, 384 voitures Mia seulement s’étaient vendues, avant la liquidation définitive et la fin de la gabegie.

Désormais, Ségolène Royal est ministre de l’écologie : elle n’a pas changé d’avis sur la voiture électrique, mais elle a maintenant un pouvoir de nuisance encore plus important. Et surtout la possibilité de dilapider encore plus d’argent public pour cette filière.

Dans le même temps, le gouvernement socialiste à l’agonie abandonne l’écotaxe et se retrouve avec des dizaines de projets de transports en commun non financés… Comme il faut bien trouver de l’argent en contrepartie, la ministre (de l’écologie) Ségolène Royal propose alors de… mettre les autoroutes gratuites le week-end!

A ce niveau-là d’incompétence et d’incurie, on reste sans voix.

11 commentaires sur “La voiture électrique socialiste

  1. rétropédaleur

    Ils n’ont de toutes façons aucun projet politique (en dehors de leurs obsessions sociétales qui confinent à la pathologie freudienne), surtout en matière environnementale (cf. voir le blog la buvette des alpages, maintenant la mère royale autorise le tir du loup, espéce protégée, même les gouvernements de droite n’ont pas osé). Ce sont des nuisibles, et des vrais, eux.

  2. emmp

    A propos de la clientèle de ce type d’engin, nous avons eu droit vendredi à 18h15 à un reportage sur France Culture, intitulé La voiture propre sera-t-elle électrique ?, dans lequel un spécialiste expliquait qui il visait : des clients prêts à dépenser deux fois plus cher que pour une voiture à essence, pour parcourir 100 km par jour au maximum (http://www.franceculture.fr/emission-le-magazine-de-la-redaction-la-voiture-propre-sera-t-elle-tout-electrique-2014-10-17). en somme, des moyens mais pas de vrai besoin.
    Une aide de 10000 euros par voiture…Ça nous ferait de quoi acheter 25 vélos neufs et de bonne qualité. Mais ce serait sombrer dans la dictature trostko-écolo-bobo-khmer-verte. Restons réalistes, ruinons-nous à financer des grosses machines plutôt qu’à nous en passer.

  3. pedibus

    Il a bien raison le Marcel de tirer à boulets rouges et d’en faire voir des vertes et des pas mûres à nos socialos rosissants de plus en plus pâles…

  4. Vincent

    Marcel Robert > Un proverbe dit en substance: « les gens de droite font une politique de droite tout en l’assumant alors que les gens de gauche font une politique de droite sans le dire. »

    L’économiste Frédéric Lordon propose d’appeler le PS, la « Droite complexée ».

    > Sept ans plus tard, la voiture électrique est toujours au point mort

    Nouvelle confirmation que, n’en déplaise notamment à Sarkozy, le progrès technique n’est pas qu’une question de volonté.

    > A 10.000 euros en moyenne la borne de recharge, en écoutant les politiques qui nous promettent des centaines de milliers de bornes dans toute la France, on peut se faire une idée assez claire des sommes monstrueuses d’argent public qui vont encore se déverser dans la filière de la voiture électrique.

    Pas d’angoisse : il n’y a pas l’argent, donc ça ne se fera pas. Ou alors peut-être avec de l’argent privé, cf. Tesla aux USA.

    > On utilise l’argent des impôts payés par les smicards et les classes moyennes pour financer l’achat des voitures électriques par les bourgeois.

    Pour les smicards, c’est déjà le cas avec les études supérieures : ils payent mais n’en bénéficient quasiment pas.

    > On marche sur la tête, comme la loi de transition énergétique l’a montré récemment.

    Effectivement. Cette loi débile qui limite la production d’électricité d’origine nucléaire à 50%.

    Heureusement, il nous reste une dizaine d’années avant de devoir décider la construction de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer les premières construites dans les années 70, et c’est le genre de loi qu’un autre gouvernement n’aura aucune difficulté à modifier.

    rétropédaleur > Ils n’ont de toutes façons aucun projet politique (en dehors de leurs obsessions sociétales qui confinent à la pathologie freudienne)

    Ça n’a rien de pathologique : c’est juste que depuis le tournant de 1983, les « socialistes » font une politique économique de droite; il leur reste donc le « sociétal » pour se différencier.

    Problème : les pauvres considèrent que leurs fins de mois sont plus importantes que la gay-pride. D’où l’absention, le vote au FN ou la violence.

  5. apanivore

    C’est ce que l’article commence à faire mais est-ce que quelqu’un aurait la patience de rassembler toutes les subventions destinées au développement de la voiture électrique depuis 30 ans, et de les additionner (en euros constants de 2014) pour voir un peu l’ampleur du désastre ?

  6. Avatar photoMarcel Robert Auteur

    Louable intention Apanivore, mais j’ai bien peur que cela soit impossible. Les sommes d’argent données à la filière sont tellement nombreuses et variées qu’en faire le décompte relève de la mission impossible. Déjà, il faudrait distinguer les dons purs et simples sous formes de subventions des prêts en milliards d’euros.
    Rien qu’en 2009, l’état avait fait un prêt de 6,5 milliards aux constructeurs pour développer la « voiture propre ».
    http://www.avem.fr/actualite-zoom-sur-les-aides-des-pouvoirs-publics-aux-constructeurs-pour-le-developpement-des-voitures-electriques-2378.html

    Mais il y a eu aussi d’autres prêts, de la BEI entre autres à hauteur de 180 millions.
    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/20120112trib000677582/voiture-electrique-la-bei-accorde-un-pret-a-renault.html

    Il y avait aussi le don de 400 millions de Sarkozy dont je parle dans l’article.
    http://www.lefigaro.fr/societes/2008/10/09/04015-20081009ARTFIG00524-sarkozy-plan-de-millions-pour-les-voitures-propres-.php

    Il faut aussi parler des investissements publics dans l’infrastructure de recharge. En 2009, 900 millions dans une filiale d’ERDF (Electricité Réseau Distribution France) créée à cet effet.
    http://www.liberation.fr/economie/2009/10/02/borloo-pousse-la-voiture-electrique-a-coups-de-milliards_585306

    Cela ne préjuge pas de la multitude d’investissements locaux provenant des collectivités locales pour les infras de recharge.

    Il y a aussi bien sûr Ségolène qui a elle seule cumule déjà plusieurs millions d’euros rien que pour la région Poitou Charentes…

    Il y a aussi le Fonds d’investissement stratégique qui a mis plusieurs fois de l’argent dans l’électrique, par exemple 125 millions d’euros dans le projet de Renault de production de batteries à Flins (Yvelines).

    Le gouvernement a prêté aussi en 2009 150 millions à Renault pour qu’il installe la production de sa Zoé électrique à Flins. Et 100 millions à PSA et Smart pour des projets semblables.

    Après, il y a les bonus et super-bonus pour la voiture électrique. Difficile à estimer, mais selon les chiffres de libé, 470 millions d’euros entre 2009 et 2012.

    Il faudrait aussi tenir compte de la perte de TIPP liée à la voiture électrique: l’état se prive de recettes fiscales conséquentes. Difficile à estimer, mais probablement en dizaines de millions d’auros.

    Enfin inventaire non exhaustif, il y a la multitude de petits projets qui pompent de l’argent public aux 4 coins de la France. Le diable se cache parmi les détails, un exemple emblématique parmi d’autres, le VIPA (Véhicule Individuel Public Autonome), projet de voiture électrique sans chauffeur installée au CHU de clermont-ferrand.pour rejoindre le parking à l’hôpital sur… 250 mètres! Un truc complétement inutile financé depuis 2000 par, tenez vous bien, le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), le Préfet de la région Auvergne et le Préfet du Puy-de-Dôme, la Caisse des Dépôts, la Ville de Clermont-Ferrand, Clermont Communauté, Vichy Val d’Allier, le Conseil régional d’Auvergne, le Conseil général du Puy-de-Dôme et le Syndicat Mixte des Transports en Commun de l’agglomération clermontoise.! Rien que ça!

    Et des trucs complétement débiles comme ça qui pompent des millions d’euros d’argent public, on en trouve des dizaines un peu partout…

  7. Mai68

    Ha …. ben les enfants, il serait temps de retrousser vos manches et de vous y mettre ….Au. lieu de bavasser …
    Vive l’autogestion !!!

  8. Malex

    Combien d’impôts payent ces « bourgeois »… ne vous inquiétez pas ce ne sont pas vos impôts qui finances ces voitures… c’est peut être un moyen plutôt intelligent de faire rester en France ces investisseurs qui créent nos emplois…

  9. Toiutcho

    Je suis d’accord avec cet article.
    Mais cette phrase : « On utilise l’argent des impôts payés par les smicards et les classes moyennes pour financer l’achat des voitures électriques par les bourgeois » me met en colère. Pourquoi toujours vouloir oppose les gens ?
    Et c’est quoi un bourgeois de nos jours ?

  10. Jean-Marc

    Qui s achète une voiture neuve, en france ?
    Qui s achète une voiture à plus de 15K ?

    appelons les comme on veut :

    les CSP+, les riches, les bourgeois
    (ou les administrations, les entreprises, s’il ne s agit pas d achat par des privés).

    Qu’est ce qui te choques, Toiutcho ?

    la RÉALITÉ, qui est choquante, très choquante, même.

    ou le fait, impoli, d oser DIRE la réalité au lieu de l ignorer, de la cacher, et de faire comme si elle n existait pas ???

    (pour ma part, sur un autre sujet, je ne reproche pas à Macron d avoir parlé des illettrés, vu qu’il voulait leur venir en aide, il abordait le sujet, pour soulever leur difficulté, et le besoin de les aider; par contre, je reproche aux UMP, qui eux, n ont rien chercher à faire, de se choquer de l emploi de ce terme, mais de n être aucunement choqué par cette réalité, et de n avoir rien fait contre depuis plus de 10 ans…)

    Une aide au km à vélo, est une aide pour tous, du plus pauvre au plus riche.
    une aide à l achat de vélo neuf, en réduit déjà la portée à la fraction la moins pauvre.
    une aide à l achat de VAE, encore plus
    alors, une aide à l achat d’une voiture… n en parlons pas…

    Je connais bcp de gens qui, à 50 ans, en france, n ‘ont JAMAIS acheté une seule voiture neuve.

    D ailleurs, c est le cas de la majorité des français : l âge moyen du PREMIER achat d’une voiture neuve dépassant allègrement les 50 ans, en france….

    Tu remarqueras que Balladur, Juppé, et Sarkozy, par des mesures d exception d aide financière, ont très bien su faire payer tous les français pour la fraction minoritaire de ceux achetant des voitures neuves, c est-à-dire, en clair,
    pour les bourgeois/riches/CSP+ (au choix)

    (mais aussi qq (futurs) sur-endettés du bas de la classe moyenne…)

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