Peut-on imaginer une ville sans voitures?

Question intéressante posée non pas par un groupuscule de Khmers verts comme par exemple Carfree France, mais par une petite entreprise spécialisée dans la production d’énergie du nom d’EDF…

A vrai dire, de notre côté, nous ne nous posons plus cette question depuis longtemps déjà. Bien sûr qu’une ville sans voitures peut exister, elle est même particulièrement souhaitable.

Et cette question consistant à imaginer une ville sans voitures a déjà été posée très officiellement par la Commission européenne il y a plus de 20 ans (voir ici). Et les conclusions de la Commission européenne étaient à l’époque que oui, la ville sans voitures était non seulement possible mais aussi fortement souhaitable!

Bien entendu, de telles conclusions ont été vite enterrées par la bureaucratie européenne car elles heurtaient de plein front le lobby automobile.

Aussi, que la question réapparaisse aujourd’hui par l’intermédiaire d’un industriel comme EDF n’est pas anodin.

Je vous rassure, in fine, la conclusion d’EDF est que « si la fin du tout voiture est déjà esquissée, la fin de la voiture n’est pas pour demain. »

Conclusion guère étonnante de la part d’un producteur d’électricité qui n’en finit plus de saliver sur les hypothétiques profits futurs d’un développement éventuel des voitures hybrides et électriques.

Le problème, c’est que les chiffres des ventes des voitures nucléaires ne décollent pas vraiment, malgré les promesses et les subventions publiques faramineuses à l’achat.

Alors, EDF est bien obligé de « mouiller la chemise » pour nous expliquer qu’il faut en finir avec le tout voiture pour développer les « alternatives ». Pour l’électricien, ces alternatives consistent essentiellement dans l’autopartage, les systèmes type Autolib’ et bien sûr, le développement des voitures électriques et hybrides.

EDF nous rappelle également par la même occasion certains éléments intéressants comme par exemple le fait que la voiture occupe encore 70 % de la voirie en France ou que les ventes de voitures ont atteint en janvier 2013 leur plus bas niveau depuis 1990 en Europe.

Même le fleuron français, PSA, est récemment sorti du Cac 40. C’est toute l’industrie automobile qui frôle la sortie de route!

Mais, revenons sur la conclusion d’EDF: « la fin du tout voiture est déjà esquissée« . C’est déjà un bel anachronisme, car si cette phrase avait sans doute un sens au début des années 1980, au moment du retour du tramway dans les villes françaises, elle paraît aujourd’hui complétement dépassée.

A vrai dire, cela fait longtemps que le tout voiture a montré son échec patent. C’était au début des années 1970, les villes étaient remplies de voitures (i.e beaucoup plus qu’aujourd’hui malgré les apparences…), l’air irrespirable en ville, le nombre de morts dans les accidents de la circulation faramineux (environ 16.000 morts par an), les bouchons permanents.

Lire aussi :  Vélo-cargo dans le "Sud" - étude de Cas au Burundi, Bangladesh et Brésil

La ville était bloquée, au prix d’une détérioration massive de l’environnement et de la qualité de vie.

Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont ensuite amené à une lente, trop lente, évolution des esprits, qui a débouché sur tout un ensemble de discours autour des thèmes du « rééquilibrage des modes de déplacement, de la multimodalité ou autres termes barbares destinés à masquer le fait que l’automobile de masse était un échec.

Le problème, c’est qu’il y a une contradiction intrinsèque entre les beaux discours sur la « multimodalité » et le fonctionnement du système automobile.

Pour le dire de manière simple, l’automobile est un mode de déplacement exclusif. Il est tellement inefficace, en termes de poids et d’espace pris par personne, qu’il nécessite l’accaparement de toujours plus de matière et d’espace.

sans-voitures

En ce qui concerne la matière, pour produire une voiture d’environ une tonne, il faut pas moins de 30 tonnes de matières premières diverses et variées, sans compter tout le carburant que cette voiture brûlera durant son cycle de vie. En ce qui concerne l’espace, il faut toujours plus de routes, d’autoroutes et de parkings.

Comme le dit EDF, la voiture accapare 70% de la voirie. Vous aurez beau « réequilibrer » au profit de l’autopartage, du covoiturage, de l’autolib’ et des voitures électriques ou hybrides, il faudra toujours autant d’espace si ce n’est plus encore pour faire circuler et stationner toutes ces voitures.

C’est pourquoi, la multimodalité est dans une certaine mesure un mirage. Donner une véritable place aux véritables alternatives à l’automobile (marche, vélo, transports en commun) rend le système automobile incapable de fonctionner.

Les ingénieurs de trafic le savent très bien, la voirie urbaine est dimensionnée pour les heures de pointe, c’est-à-dire pour deux heures par jour environ (une heure le matin et une heure le soir). Si vous n’avez pas une surface dédiée à la voiture suffisante pour écouler l’heure de pointe, le système est paralysé.

Alors, au-delà des questions existentielles d’EDF qui sont surtout de grosses ficelles pour préparer l’avenir de la voiture électrique et de ses profits par la même occasion, il faut prendre conscience que la « multimodalité » a atteint ses limites.

Et ce ne sont pas les associations locales de promotion du vélo qui diront le contraire, quand ils doivent se battre parfois comme des diables pour obtenir de haute lutte un bout de piste cyclable au détriment de la reine mère automobile.

17 commentaires sur “Peut-on imaginer une ville sans voitures?

  1. pedibus

    http://carfree.fr/index.php/2012/02/02/quand-la-commission-europeenne-voulait-creer-des-villes-sans-voitures/

    Merci pour ce recadrage historique et ce balisage idéologique – ici techniciste -, ce dernier nous présentant clairement nos nucléocrates comme opportunistes et suivistes quant aux mutations systémiques, et quant aux transitions de mode de vie, que de telles entreprises mastodontes sont incapables d’initier, de favoriser ou d’accompagner…

    Quant à l’idéologie économique, oui, soyons pères verts, et engouffrons-nous dans la brèche pour arrêter « l’expérience » superbement inefficiente du système automobile!

  2. Vincent

    On peut.

    C’est « juste » une question de budget pour revenir sur cinquante ans d’étalement urbain rendu possible par la voiture.

    Vu déjà la galère que c’est de remettre en cause le dogme libéral de la construction européenne et de l’indépendance politique de la BCE, c’est pas gagné.

  3. alfred

    Moi je ne suis pas pour la disparition de la voiture en ville.
    Que va-t-on faire de ces routes cyclables géantes si les voitures quittent la chaussée ?
    Et le bruit ? Qui fera du bruit ?
    Et il n’y aura même plus d’accident grave. Et beaucoup de pompiers vont être au chômage.

  4. Avatar photoMarcel Robert Auteur

    Je ne dirais pas que « les entreprises mastodontes sont incapables d’initier, de favoriser ou d’accompagner les transitions de mode de vie ».

    Bien au contraire, elles sont les éléments moteurs de ces transformations de mode de vie, mais pas dans le sens de l’intérêt collectif bien sûr, plutôt dans le sens de la défense de leurs profits.

    Que ce soient les compagnies pétrolières, les constructeurs de voitures ou les mastodontes du nucléaire, ils sont au coeur des transformations des modes de vie depuis des décennies. Ils ont produit le système actuel permettant l’éclosion et le développement massif de la bagnole.

    Leur survie dépend donc de la production toujours plus importante de bagnoles, de pétrole ou d’électricité à l’échelle mondiale, pas de la mise en place d’ateliers de production et de réparation de vélo…

    http://carfree.fr/index.php/2014/02/20/pourquoi-nous-roulons-en-voiture/

  5. Alain

    Je reviens sur le commentaire d’Alfred de façon humoristique:
    Si les voitures disparaissent des villes, çà va être chiant:
    – On ne pourra plus avoir de dioxyde dans les poumons et le sang.
    – Y’aura plus d’alerte pollution, alors les infos du matin seront moins agréables à écouter.
    – On va être obligé de ne plus prendre en compte les records de bouchons aux vacances.
    – comment va t-on faire pour se garer comme des cons n’importe où?
    – Qui c’est qui va emmerder les cyclistes en leur disant « rien à foutre. casse toi connard »?
    – En vélo, on pourra plus slalomer au milieu des voitures en se disant « je suis finalement plus rapide qu’eux ».
    – A quoi vont bien servir les drive-in?
    – Et puis, les trottoirs perdront leur attrait: les voitures ne pourront plus se garer dessus.
    – Et puis quand on ouvre les fenêtres et que çà sent le pétrole? Merde alors, y’aura plus cet odeur?
    – Et puis la maison ne pourra plus noircir à cause de la pollution. On n’aura donc plus besoin de la nettoyer? Que va t-on faire à la place?

    Ah non de non. Vive la voiture. Y’a tellement d’avantages dans les inconvénients.

  6. Vincent

    Marcel Robert > Je ne dirais pas que « les entreprises mastodontes sont incapables d’initier, de favoriser ou d’accompagner les transitions de mode de vie ».

    Bien au contraire, elles sont les éléments moteurs de ces transformations de mode de vie, mais pas dans le sens de l’intérêt collectif bien sûr, plutôt dans le sens de la défense de leurs profits.

    Relire Adam Smith.

    « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. »
    http://fr.wikiquote.org/wiki/Adam_Smith

  7. Avatar photoMarcel Robert Auteur

    Oui c’est à peu près la définition du capitalisme. Là où cela fonctionnait déjà moyen au début de la civilisation industrielle (pollution massive au détriment des plus pauvres), cela devient complètement incompatible avec le dérèglement climatique. La somme des intérêts égoïstes n’apporte pas le bienfait général.

  8. Vincent

    Je crois que vous vous trompez sur la nature humaine.

    Le vingtième siècle a pourtant été riche d’expériences alternatives. On a vu le résultat.

  9. Avatar photoMarcel Robert Auteur

    Vincent, vous « croyez » que je me trompe sur la nature humaine? Pourriez-vous être plus explicite et m’expliquer en quoi vous ne vous trompez pas?

    « Le vingtième siècle a pourtant été riche d’expériences alternatives. On a vu le résultat. »

    Vous parlez d’expériences alternatives au capitalisme je suppose. Donc, si ces expériences n’ont pas fonctionné (selon vous), c’est donc qu’il n’y a pas d’alternative. Comme disait Margaret Thatcher, « There Is No Alternative »…

    Concernant Adam Smith, j’espère qu’on parle bien du même, le « père du libéralisme économique ». Celui dont Joseph Schumpeter et Murray Rothbard ont dit qu’il était un auteur mineur, considérant que son œuvre comportait peu d’idées originales et que ces dernières sont fausses.

  10. Dubief

    On pourrait tout de même avoir des véhicules électriques qui ne fonctionnent pas à l’électricité nucléaire.

    Les énergies renouvelables, ça existe aussi pour produire de l’électricité, bien que tous les obstacles possibles soient mis en France pour éviter qu’elles ne fassent trop d’ombre au nucléaire.

    Un exemple qui fait une comparaison avec des voitures électriques alimentées en électricité solaire et des voitures thermiques avec 10% d’agrocarburants.

    http://energeia.voila.net/transport/vehicule_electrique_twh.htm

    Bon, il n’est pas question d’alimenter les véhicules uniquement avec de l’électricité solaire, surtout en hiver, mais il ne faut pas oublier l’éolien, la biomasse, le biogaz et quelques autres énergies renouvelables pour cela.

    Ce qui n’empêche pas de réduire l’utilisation des véhicules, routiers ou pas (voitures, camions, avions) et de développer le transport fluvial (électrique).

    D’ailleurs, il serait intéressant d’étudier la question pour une péniche : pas de problème pour y mettre des batteries, appoint d’électricité (ou totalité en été ?) avec des panneaux solaires. On a de la surface sur une péniche.

  11. Alain

    « On pourrait tout de même avoir des véhicules électriques qui ne fonctionnent pas à l’électricité nucléaire. Les énergies renouvelables, ça existe aussi pour produire de l’électricité,  »

    Oui, on pourrait mais:
    1, Déjà qu’en mettant les voitures de côté, si on ne fonctionnait qu’aux énergies renouvelabless, il faudra sacrément réduire notre facture énergétique pour que çà suive. C’est à dire, être économe, avoir des appareils économes et touti quanti. Donc, rajouter la voiture par dessus le reste, va en falloir des éoliennes…
    2. La voiture est un engin de mort. Alors à l’essence ou à autre chose, le fait ne changera pas. C’est pas parce que la voiture sera à l’énergie renouvelable que le comportement des gens en voiture changera et quand on voit les troupeaux de cons dans leur bagnole, ca ne donne pas envie…

  12. Pim

    A propos des nuisances de la bagnole, Flora Chauveau, journaliste de Reporterre, publie aujourd’hui un excellent article sur les nuisances sonores en ville : J’y ai découvert, que les villes de plus de 100 000 hab doivent avoir une carte de bruit.
    L’exemple de la carte de Toulouse, ci après est assez parlant quant à la responsabilité de la voiture pour sa part de nuisances!
    http://pdi.cugt.org/map/?t=SON&base=osm_nb&center=1574182.5,2268667.5&zoom=2&layers=179,186

  13. pedibus

    Merci Pim pour cette cartographie toulousaine du bruit.

    Je n’avais pas intégré ce sujet très sensible(!) dans ma recherche sur la marche en ville. Je pense faire un recoupement avec les pratiques de mobilités à l’échelle de l’IRIS (quelques milliers d’habitants) pour faire apparaître des corrélations directes et interroger ensuite sur le terrain habitants, élus et techniciens et connaître leur volonté de s’engager vers la transition des modes de vie, très à la mode ces temps ci…
    Ainsi je savais que le NW de la commune connaît une pratique modale automobile très forte : la cartographie du bruit illustre effectivement ce qu’annoncent les statistiques du recensement de 2009.

    Je n’ai pu trouver tout de suite qu’une carte du seul territoire de la commune de Bordeaux pour mon terrain d’étude, après un petit nombre de clics sur la Toile… :
    http://www.bordeaux.fr/images/ebx/fr/groupePiecesJointes/27700/4/pieceJointeSpec/76796/file/bx-bruit_24h.pdf

  14. L'intégriste ferroviaire

    @Dubief
    Si on ne produit à l’avenir que de l’électricité renouvelable, donc en fait si on diminue franchement la production électrique par rapport à aujourd’hui, alors l’utilisation de cette énergie dans les transports n’ira certainement pas à de la bagnole électrique, mais à des moyens ferroviaires (toujours pour les incontournables questions physiques, du genre résistance à l’avancement) électrifiés. La bagnole, même électrique, restera un gouffre à ressources.
    Moi, je suis contre la disparition de la bagnole en ville; pas assez ambitieux. Je suis pour sa disparition presque partout (on fera comme à l’île de Bréhat : pour les seuls médecin et pompiers).

  15. FranckB39

    Bonjour,
    Je viens de prendre connaissance des différents commentaires, visiblement issues de personnes très compétentes sur ces sujets. Cependant, je dois bien avouer que je suis une fois de plus consternée qu’il ne soit fait aucune mention du télétravail, seul moyen à ma connaissance de faire disparaitre une partie des déplacements domicile travail. On ne parle plus d’optimisation, de réduction, … mais bien disparition d’une partie de ces déplacements. Or ces déplacements domicile travail sont les plus nombreux dans les grandes agglomérations et sont ceux qui génèrent les principaux points d’engorgement. Plutôt que de grands discours sur les vertus du pétrole Vs électricité (nucléaire ou renouvelable) ou autres formes d’énergie, ne conviendrait-il pas de revoir nos logiciels et de commencer par imaginer de vraies alternatives … aux déplacements afin de construire des solutions concrètes, rapides à mettre en oeuvre, peu couteuses… en somme réaliste et opérationnelle. Mais comme d’habitude, les grands discours, les idéologies prennent le dessus !

  16. Jean-Marc

    Avant de te répondre en 3, deux choses Franck :

    1- le volcan islandais :

    il y a qq années, l éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull, du 20 mars au 27 octobre 2010, entrainé une disparition des vols européens ou passant en europe pendant de nombreuses semaines (bien plus loingues que les 14 jours de grève d air france, et sans possibilité d aller sur d autres compagnies).

    Résultat ?
    l économie s est effondrée ?
    les gens sont morts de faim ?

    non et non
    (par contre, on n a plus eu d asperges dans les supermarchés de Londres, comme elles sont livrées en avion)

    Les conférenciers ont alors découvert la visio-conférence, voire le mail et le téléphone.

    D autres ont découvert les lieux de proximité, plutôt que les lieux lointain

    => 100% du trafic aérien nord européen, plus de 20% du trafic aérien mondial avait disparut, et celà n a eu aucune conséquence sur la marche normale de l économie
    (bon, les compa aérienne, les tours opérateurs, et qqs autres ont sans doute gagné moins d argent/en ont sans doute perdu, mais elles ne représentent qu’une infîme partie de l économie totale).

    Donc, on voit qu’il pourrait très facilement y avoir moins de déplacements.
    Le fait, c est que c est le faible coût, et la facilité d usage, qui crée « la nécessité » de trajets non nécessaires :

    On n a pas une police du comportement derrière chaque commercial pour savoir s’il doit aller voir ses clients en personne, ou juste leur téléphoner et mailer.

    La seule chose que peuvent faire les pouvoir public, c est mettre des incitations légales et financières, aux bons comportements

    Problème,ce n est même pas ce que font les pouvoirs publics :

    ainsi, les frais réels, rembourse plus celui qui dit utiliser une limousine que celui qui utilise une smart, pour aller voir, avec juste un portable et des plaquette, ses plaquettes, et une incitation légale au gaspillage)

    2- le télétravail

    je suppose que tu travailles 100% de ton temps sur un ordi, et à un téléphone, Franck ?

    Ce n est pas le cas d’une majorité des gens :
    si les gens travaillent sur des ordi -pour de la bureautique essentiellement- ce n est qu’une partie de leur travail :

    je vois mal
    la personne de BTP ramener la route ou l appart en construction chez lui
    l ouvrier ramener l usine chez lui
    le vigile ramener le lieu surveiller chez lui
    les enseignants ramener les étudiants de TD et TP chez lui (pour les cours magistraux, c.f. le p.s.)
    – le chercheur ramener les instruments de laboratoire chez lui
    .
    .
    .

    Ainsi, une majorité des emplois ne peuvent se faire en totalité depuis chez soi/depuis un centre de télétravail.
    Par contre, dans une majorité d’emplois, on pourrait imaginer que, qq heures par semaine (2 demi-journée, par ex),
    les employés restent chez eux, pour faire leur présentation en .pdf ou rédiger leur Compte-Rendu, ou autre tâche de rédaction bureautique.

    En sachant, que cette possibilité pose des pb d’organisation :
    comment faire quand tu es payé à l heure ?

    Qui va contrôler que tu as passé 3 heures à lire tes mails pro et à rédiger des trucs pro (en sachant qu’il n est pas légal de mettre un espion sur ton ordi perso chez toi, pour savoir le temps que tu y passes) ?

    3-
    « d’habitude, les grands discours, les idéologies prennent le dessus ! »

    effectivement, je suis impressionné par ton grand discours sur le télétravail, ton idéologie, qui montre que tu ne connais pas bien les humains ni leurs déplacmeents en ville :

    plus il y a de routes, ou de piste cyclables ou de lignes de TEC couvrant une large plage horaire, plus les gens les utilisent :

    si 10% des gens quittent les routes pour le télétravail,
    les autres (ou les même, en dehors de leur trajets domicile-travail) risquent de découvrir qu’il y a moins de bouchons, donc qu’ils peuvent aller 10km plus loin, faire leur courses dans un supermarché qu’ils préfèrent,
    ou qu’ils peuvent s installer 10km plus loin, pour bénéficier d’un logement plus grand/moins cher :

    c est comme pour le volcan islandais :
    quand on coupe une route, on découvre qu’une majorité des trajets se reportent sur les rues adjacentes, mais que +/- 25% des trajets s évaporent, disparaissent :

    comme la contrainte (en bouchon, en temps perdu) s aggrave, « des gens » décident d aller plus près, de regrouper leurs déplacements (au lieu d aller lundi à X, mardi à Y, et mercredi à Z, les 3 trajets sont regroupés en une boucle XYZ), ou de supprimer ce trajet.

    Ainsi, c est en mettant des contraintes sur les modes de transports les plus coûteux pour la société, et en favorisant les modes de transports les plus vertueux (par exemple, avec la gratuité des TEC, qui fait exploser leur usage, dont le report de la voiture vers les TEC) qu’on obtiens les plus grands changements sociétaux dans les déplacements fait.

    Avoir une route quasi vide, car 99% des gens feraient du télétravail et se calfeutreraient chez eux, et 4 porsche roulant à 120km/h en ville, interdisant à tous piétons de traverser l autoroute urbaine, n est pas mon rêve, Franck :

    Je préfère une rue pleine de vie, avec 10 enfants qui font un foot, 4 qui font un tennis, plusieurs personnes sur des bancs publics (des vieux qui discutent, des jeunes qui s embrassent,…), des pétions, des cyclistes, des triporteurs, biporteurs et vélos à sacoches pour des livraison du dernier kilomètre, un TEC élec en site propre et QUELQUE camion et voiture, laissant la priorité aux piétons, personnes en fauteuil et cyclistes, et avançant précautionneusement, car elles sont arrivées en vie, en vi(ll)e.

    Et çà, ce n est pas le télétravail qui va le permettre :
    il n améliore en rien les modes de déplacements actifs,
    il réduit juste un tout petit peu les bouchons, rendant plus attractif les trajets en voiture (pour les voitures restantes).

    c.f. ce qui se passe à Paris en août par rapport au reste de l année :
    bcp moins de voitures,
    donc elles roulent plus vite (6km/h de plus sur le périph, selon le blog transport.blog.lemonde.fr), ce qui les rend plus intéressantes à utiliser…

    Le télétravail, c est bien pour celui qui peut le faire, et qui le fait, pas pour la circulation générale de l endroit où il le fait : seule la vision globale, la vision d ensemble de tout le pb compte

    p.s.
    quelle est la population qui progresse le plus, en france ?

    => les retraités
    des gens qui ne font plus de trajets domicile-travail
    pourtant, ils se déplacent… sisi
    et même, parfois, ils font plus de trajets quotidiens que les 2 trajets quotidiens de certains travailleurs

    p.s. 2 les cours magistraux-les cours face au télétravail :

    les cours par correspondance existent,
    le pb, seuls les très bons et certains bons élèves réussissent à s en sortir avec ce système, et c est encore pire avec les MOOC :

    le cours permet une émulation-compétition, et permet de se faire un réseau, en particulier de collèges avec qui réviser, à qui demander des explications, sans avoir trop honte (par rapport à la question au prof, devant toute la classe).

    sans parler des questions directes au prof, et du fait que le prof, en voyant sa classe, peut déterminer s’il doit se paraphraser, et ré-expliquer une notion qui a laissé ses élèves béats :

    la réussite finale, entre de vrais cours dans une salle ou une projection d’un cours aussi bon (voire même meilleur) est sans commune mesure en faveur d’un vrai cours.
    (test fait à Harvard : plus de 30% d’échecs supplémentaires aux examens, avec de « faux » cours…)

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