Fiascolib’

C’est l’hallali! Après l’échec des vélos en libre-service sans stations type gobee bike et le vélibgate qui concerne lui les vélos en libre-service avec station à Paris, c’est maintenant Autolib’ qui part en sucette. Au bout du compte, c’est toute l’économie dite « du partage » qui semble en train de s’effondrer.

Nous avions parlé récemment de l’arrivée du vélo jetable en France, arrivée qui avait quasiment coïncidé avec son départ dans la mesure où les vélos en libre-service sans stations ne seront restés en France que quelques semaines, avant de terminer tous plus ou moins en voie d’épavisation sur la voie publique.

Dans le même temps, le vélibgate n’en finit plus de faire les gros titres. En cause, le changement de délégataire entre Decaux et Smovengo qui semble cumuler problèmes juridiques, techniques et financiers sur fond de mauvaise foi des différents acteurs et d’exploitation des salariés. Résultat, des vélos en libre-service de moins en moins disponibles dans la capitale.

Aujourd’hui, on apprend que c’est Autolib’ qui bat de l’aile, avec un déficit colossal que personne ne veut assumer. A vrai dire, sur Carfree, on ne l’apprend pas vraiment, car on savait déjà dès 2009 que cela se terminerait ainsi.

C’est triste à dire, mais nous avions en effet déjà prévu qu’Autolib’ était une non-solution qui risquait de se terminer en gouffre financier. Le concept était dès le départ mauvais: on prétendait remplacer des voitures particulières par des voitures en libre-service en voulant nous faire croire que cela ferait diminuer le nombre de voitures en circulation… Qui pouvait croire un tel tissu d’inepties?

C’était pourtant un des arguments de vente d’Autolib’ au moment de son lancement: « Vous allez voir, avec la voiture partagée, le nombre de voitures dans Paris va diminuer. » Et la communication officielle d’affirmer péremptoirement: « 1 véhicule Autolib’ remplace 6 à 8 véhicules individuels. »

Dès 2013, une étude confidentielle de la mairie de Paris révélait pourtant que le développement du système Autolib’ s’était fait en amenant à la voiture des gens qui n’en possédaient pas, comme les usagers des transports en commun par exemple.

Certains diront peut-être qu’avec Autolib’ au moins on remplace des voitures thermiques par des voitures électriques « moins polluantes« . Pas de bol, nous avons un scoop pour eux: dès 2014, l’observatoire du nucléaire révélait que l’Autolib’ n’est pas écologique.

A vrai dire, il ne restait déjà plus grand chose de la « solution » Autolib’, mis à part l’idée plus ou moins fumeuse qu’il s’agit d’une « solution de mobilité » portée et gérée par un grand industriel, Vincent Bolloré, à ses risques et périls. Autrement dit, un truc privé appartenant à Bolloré pour faire la promotion de sa voiture électrique Blue Car, sans que cela pénalise trop les finances publiques.

Mince, en fait de solution « privée« , Autolib’ constitue désormais un gouffre financier que Bolloré ne veut pas payer tout seul. Il réclame désormais 40 millions d’euros par an (d’argent public) pour maintenir ses voitures électriques à Paris. Pour le Figaro, les pertes d’Autolib’ seront majoritairement assumées par les contribuables.

Lire aussi :  Les réparateurs de voiture... à vélo

La nouvelle économie n’a plus le vent en poupe. Elle frappe désormais à la porte de la bonne vieille économie, vous savez l’argent public de nos impôts, pour financer ses lubies de mobilité 2.0 ou autres voitures servicielles.

Pour Anne Hidalgo, maire de Paris, Autolib’ « aurait été percuté par de nouvelles innovations comme les VTC, les scooters en libre-service, les vélos à assistance électrique… » Vu le nombre de scooters en circulation à Paris, on constate en effet un véritable engouement pour les Cityscoots, qui pourrissent bien la vie des piétons et des cyclistes, en se garant en vrac sur les trottoirs ou en utilisant les bandes cyclables et autres sas vélo. Le plus triste, c’est de constater que même Cityscoot est financé avec de l’argent public! Sur leur site Internet, on peut trouver en effet les jolis logos de la Banque Publique d’Investissement (bpifrance) et de la Caisse des dépôts, preuve indiscutable que ce magnifique projet de multiplication des scooters en ville est financé avec de l’argent public!

Sur Carfree, nous avions pourtant dès 2012 proposé un autre concept de voiture partagée, intitulé Volib’. Les acteurs de la nouvelle économie auraient mieux fait de s’en inspirer…

Il est quand même frappant de constater la manière avec laquelle le néo-libéralisme récupère tous les concepts, y compris les meilleures idées, pour au final les pourrir jusqu’à la moelle. Au début, ils ont appelé cela « l’économie du partage« . Cela sonnait plutôt bien et promettait un avenir radieux, limite économie post-soviétique! Vous allez voir, on va se débarrasser de tous ces objets qu’il ne sert plus à rien de posséder (vélos, voitures, etc.) pour utiliser uniquement des véhicules dits « en partage » sur la base de « contrats de service » et autres abonnements.

Le résultat est désormais assez clair: mettez des vélos en libre-service sans station dans les rues, au bout de quelques semaines il ne reste plus que des épaves. Mettez des voitures en libre-service dans les rues et assez rapidement vous obtenez des voitures dégradées et squattées. Désormais, on met des scooters en libre-service dans les rues et on les retrouve autant sur les trottoirs que sur les bandes cyclables

C’est assez piquant de constater que les apôtres de la nouvelle économie dite aussi collaborative découvrent avec stupeur que… la collectivisation ne fonctionne pas! En fait, ces gens-là qui sont des néo-libéraux pur jus ont voulu nous vendre une sorte d’expérience d’économie collectivisée de la mobilité. Mais attention, si l’objectif était de collectiviser les véhicules, les profits étaient censés bien entendu être privatisés.

Sauf qu’en guise de profits, il ne reste plus que des dettes. Et c’est désormais à la collectivité publique de payer l’ardoise du Fiascolib’.

 

Photo: francisco.j.gonzalez (licence Creative Commons Attribution 2.0 Générique).

5 commentaires sur “Fiascolib’

  1. Céline

    Il manque quelques psychologues et sociologues dans les commissions de prise de décision. Tout était prévisible (je sais, facile à dire après, je le pensais avant aussi). Quel gaspillage de ressources 🙁

  2. Zfred

    Une paille ! 100 millions d’euros de perte par an (60 à assumer par Bolloré + 40 par nos impôts), c’est à peine 4 fois plus que l’ambitieux « plan vélo » de Paris (25 millions par an de 2015 à 2020).

  3. Adrien L.

    Mais non, mais non, comme vous y allez, ça a quand même fait de la Croissance pour JC et Vincent et les autres… Donc c’est pas perdu pour tout le monde, rassurez-vous !

  4. Vincent

    MR > C’est assez piquant de constater que les apôtres de la nouvelle économie dite aussi collaborative découvrent avec stupeur que… la collectivisation ne fonctionne pas!

    Et donc, vive la propriété privée.

  5. Bidouille

    Dès le départ cette idée était foireuse, on ne pouvait pas dupliquer le système Vélib avec des voitures.

    SI vous avez besoin d’une voiture, c’est que vous allez dans un endroit mal desservi par les transports en commun ou que vous avez de gros sacs à transporter.

    A partir de là, si vous allez dans un endroit mal desservi par les transports en commun ou avec de gros sacs, vous voulez être sûr de pouvoir « rentrer » (faire le retour) avec la voiture et ne pas galérer, et cela veut dire réserver la place à la station de destination du retour. Ca veut dire aussi garder la voiture avec soi pendant toute la durée d’utilisation, parce qu’on ne peut pas se permettre que celle-ci soit prise par quelqu’un d’autre quand on arrive à sa station de destination (à l’aller) => ca veut dire payer plus cher. Donc dans ce cas, quel est l’avantage avec posséder une voiture ou prendre un taxi, taxi qui aura l’avantage qu’on aura la liberté des horaires au lieu de respecter un horaire, et qu’on n’aura pas besoin de chercher une place de stationnement (payante).

Les commentaires sont clos.